La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Danse - Entretien

Franck Chartier

Franck Chartier - Critique sortie Danse
Légende photo (crédit Jean-Pierre Maurin)

Publié le 10 mars 2008

Le Sous-Sol : un rêve par-delà la mort

Le jardin, Le salon et le Sous-Sol, les trois volets du triptyque réunis au théâtre de Saint-Quentin. Rencontre avec Franck Chartier, à l’origine du collectif et Gabriela Carrizzo.

Le Sous-sol dans le triptyque
Le Jardin montrait des personnages qui avaient la quarantaine, le Salon traitait de la vieillesse, et le Sous-sol s’intéresse maintenant à la mort. Nous sommes partis d’une nouvelle de Dostoïevski, Bobok, dans laquelle le personnage principal entend les morts parler dans un cimetière. Ce vieil homme que l’on quittait dans le Salon, on le retrouve aujourd’hui d’une autre manière : c’est comme s’il s’endormait au pied d’un arbre et qu’il rêvait. De ce rêve, nous avons développé un monde très étrange, à l’inverse du Jardin et du Salon où les choses étaient plus réalistes. L’idée du salon est d’ailleurs reprise dans le décor mais par le prisme d’une mémoire un peu distordue comme elle le serait dans la mort. On le revoit différemment, enterré par soixante centimètres de terre. De même pour la musique, on travaille comme dans les pièces précédentes avec des compositions d’Alfred Schnitke, et des morceaux pop. Mais là aussi, c’est comme si l’on ne s’en souvenait plus très bien : l’instrumentation est classique, les violons un peu dissonants, ce qui donne une ambiance un particulière à la pièce.

La gestuelle
Nous avons travaillé sur l’affectif et le toucher corporel : renouer, dans la mort, avec ce contact physique que l’on perd avec nos vies d’adultes… Ce sous-sol est une sorte de négatif par rapport à la vie. Dans ce monde-là, on est constamment collés, par une joue, par un bisou, par le sexe, par un coude… La gestuelle reste acrobatique, difficile techniquement,   portée par une grande dynamique.

Les personnages
La pièce traverse la vision de cet homme qui retrouve sa mère dans la mort. Elle est interprétée par Maria, une danseuse butô incroyable de 80 ans que l’on avait rencontrée lors des représentations du Salon à Tarbes. Nous avons aussi quatre figurants âgés sur scène. On retrouve aussi dans le Sous-sol, mais d’une autre façon, le duo du bisou qui existait dans le Jardin et le Salon. C’est une histoire d’amour qui continue par-delà les âges et jusque dans la mort. La mezzo soprano, qui était humiliée par son mari dans le Salon, prend sa revanche à travers une certaine autorité qu’elle exerce sur les autres. Il s’agit de choses que l’on a vécues dans la vie, qui peuvent être dures, mais dont on rigole toujours puisque l’on n’a plus de sentiment, plus de peur, dans cet étrange milieu qu’est la mort.
 
Propos recueillis par Nathalie Yokel


Le Sous-sol de Peeping Tom, les 26, 27 et 29 mars 2008 en alternance avec Le Jardin et Le salon, à 20h30 . Réservation au 01 30 96 99 00. Entretien réalisé lors de sa création aux abbesses.

A propos de l'événement


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