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Focus -310-À l’Onde, une saison anniversaire ambitieuse et festive au plus près des publics

Wanjiru Kamuyu fait danser nos paysages intérieurs

Wanjiru Kamuyu fait danser nos paysages intérieurs - Critique sortie  Vélizy-Villacoublay L’Onde - Théâtre Centre d’art
© Pierre Planchenault Wanjiru Kamuyu dans An Immigrant’s story

Entretien Wanjiru Kamuyu

Publié le 27 avril 2023 - N° 310

Artiste associée à l’Onde, Wanjiru Kamuyu évoque son projet avec les publics de ce lieu et sa prochaine création Fragments, qui explore comment les mémoires personnelles et collectives habitent les corps.

Vous poursuivez votre première année comme artiste associée à l’Onde. Quelles actions culturelles y avez-vous mené ?

Wanjiru Kamuyu : J’ai réalisé deux interventions avec le Conservatoire de Versailles, et une semaine d’activités avec des enseignants du secondaire. J’ai accompagné un projet amateur intitulé Dancing our stories, où les participantes et participants sont invités à venir exprimer leurs histoires à travers le mouvement et le corps afin de créer une pièce qui sera jouée à l’occasion du Festival Lumière. Ces actions culturelles amènent une énergie très vivante à l’Onde, qui fait battre le cœur de cette salle ! Entreprendre des actions culturelles est quelque chose de très nourrissant pour moi, qui n’est pas forcément lié à une création en soi. Il y a toutefois toujours un lien avec mon travail, qui se situe à l’endroit de la célébration du corps, de la libération d’un espace intérieur en nous.

L’année prochaine vous présenterez votre nouvelle pièce pour l’instant intitulée Fragments, qui s’inscrit dans la continuité de An Immigrant’s story, où se croisaient des témoignages liés à des migrations. Comment poursuivez-vous votre réflexion dans ce nouvel opus ?

W.K. : An Immigrant’s Story portait notre regard vers l’extérieur,  Fragments continue cette quête mais en se tournant vers nos paysages intérieurs. Les histoires sont imprimées dans nos corps, qui sont, à l’image d’une bibliothèque d’archives, des espaces de stockage pour nos histoires, qu’elles soient douloureuses ou joyeuses. Comment pouvons-nous utiliser le corps comme espace de libération ? Pour préparer ce projet, j’ai enquêté lors d’une résidence d’un mois et demi aux côtés du dramaturge et producteur Dirk Korell, à New York, Philadelphie et Washington DC, sur les traces de ma mère africaine et américaine.

« Comment pouvons-nous utiliser le corps comme espace de libération ? »

Vous dites que la danse est une pratique de libération et de guérison pour vous. Pourriez-vous développer ces notions ? 

W.K. : Je me suis beaucoup intéressée à l’épigénétique, c’est-à-dire à la manière dont les gènes peuvent être influencés par l’environnement. Certains scientifiques pensent qu’il pourrait y avoir une transmission transgénérationnelle de ces modifications, notamment dans le cas de traumatismes. Cela résonne avec mon héritage africain et américain. Mon travail est très inspiré de la notion de healing justice work (en français justice restorative ndlr), qui a été portée par Kara Walker du mouvement Black Lives Matter. Ma recherche s’empare de la danse pour se libérer d’émotions et énergies qui proviennent d’histoires lourdes, qui sont imprimées dans nos corps.

 

Propos recueillis par Belinda Mathieu

A propos de l'événement

Wanjiru Kamuyu
L’Onde - Théâtre Centre d’art
8 bis avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay.

Tel : 01 78 74 38 60.

www.londe.fr

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