La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -201-Centre Chorégraphique National de Tours

La transe : être prêt à se perdre

Vincent Dupont est reçu en accueil-studio au CCNT pour la création de Air. 

Publié le 9 septembre 2012 - N° 201

Vincent Dupont est reçu en accueil-studio au CCNT pour la création de Air. 

« Le corps du spectateur doit être pris dans cette aventure. »

D’où vient ce projet de « chorégraphie pour corps sonores dialoguant avec un quatuor de chanteurs » ?

Vincent Dupont : Je m’inspire d’un film de Jean Rouch, Les Tambours d’avant. Quand les tambours finissent par s’arrêter, une vieille femme sort du groupe, commence à danser, parler, entrer en transe – et là, le cinéaste s’éloigne : il nous laisse seulement imaginer cette transe. Je pars de là : imaginer ce que cette transe pourrait être pour moi… Par ailleurs, je travaille depuis plusieurs années sur des liens entre mouvement et son : les danseurs, équipés de micros, font entendre le son de leurs gestes et leur respiration. Cela génère un espace troublant : le danseur est dans l’écoute, plus que dans la projection. Cette écoute crée un espace commun entre le danseur et le public. Pour Air, je souhaite confronter cette dimension sonore à la présence de quatre chanteurs, dont les voix seront démultipliées, jusqu’à devenir un chœur… Le public se trouvera entre l’espace des chanteurs et l’espace des danseurs. J’essaie toujours de proposer au public des expériences. Je souhaite qu’il soit à l’endroit précis de la jonction, là où la « transe » se charge peu à peu : le corps du spectateur doit être pris dans cette aventure.

Que peut être la transe, aujourd’hui en Occident ?

V. D. : Le terme de transe peut être réducteur. Pour moi il s’agit d’être prêt à se perdre. Je m’apprête à explorer quelque chose qui peut toucher au cérémoniel ; j’utilise par exemple des podiums qui pourraient être des autels, qui nous renvoient à l’idée du sacrifice : qu’est-ce que l’on est prêt à perdre, ou à donner ? Quant au résultat, je ne sais évidemment pas ce qu’il sera. La création – surtout quand elle aborde des phénomènes tels que la transe ! –, c’est ce que l’on ne peut pas prévoir, ce qui nous échappe…

Propos recueillis par Marie Chavanieux

 

Heure curieuse le 3 mai à 19H.

A propos de l'événement

Heure curieuse
du vendredi 3 mai 2013 au vendredi 3 mai 2013
Centre Chorégraphique National de Tours
47 Rue du Sergent Leclerc 37000 Tours
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