Tour d’horizon des spectacles confrontant la musique et les autres arts.
Aujourd’hui encore, dans le langage courant, on qualifie de « baroque » une construction composite qui emprunte à différents arts et surmonte les ambiguïtés que ne manquent jamais de faire naître de tels rapprochements. L’âge baroque fut un temps d’exceptionnelles découvertes, à commencer par celle de mondes nouveaux pour la géographie, pour la religion, pour la pensée et, naturellement, pour les arts.C’est ce même esprit qui anime le Festival baroque de Pontoise. La musique y est célébrée entre tous les arts, mais les autres modes d’expression ne sont jamais loin, inscrits dans une démarche de perpétuel dialogue. Dialogue des cultures tout d’abord avec, dès l’ouverture, un programme entre Orient et Occident avec Jordi Savall. Le lendemain (18 septembre), ce parcours se prolonge en une évocation de l’axe Paris-Istanbul-Shanghai, brisant les frontières des siècles dans un esprit se revendiquant « barock’n’roll ». C’est aussi en s’affranchissant des époques que le Trio Oshakan évoque la tradition arménienne depuis les chants mystiques du xe siècle jusqu’aux renouveaux contemporains (2 octobre) ou que l’ensemble Les Batoutos fait revivre les métissages musicaux conjugués au verbe baroque d’Édouard Glissant (8 et 9 octobre). La programmation fait feu de tout bois pour exprimer la passion baroque : l’opéra avec la très intelligente production du Couronnement de Poppée de Monteverdi mise en scène par Christoph Rauck (4 et 5 octobre), mais aussi d’autres expériences hybrides mêlant les arts de la scène et de l’écrit. On retiendra notamment le « Bal Renaissance » animé par François Lazarevitch (19 septembre) ou le spectacle « À corps suspendus » (le 22 octobre), évocation de la place de la danse au Grand Siècle en compagnie du Collegium Marianum.
Jean-Guillaume Lebrun