La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -257-En 2017/2018, au TnBA : un théâtre pour le public, avec le public.

Une fabrique de théâtre

Une fabrique de théâtre - Critique sortie Théâtre Bordeaux TnBA – Théâtre du Port de la Lune
Crédit : Maitextu Etcheverria / Légende : Catherine Marnas, directrice du TnBA.

Entretien / Catherine Marnas

Publié le 11 août 2017 - N° 257

Reconduite pour trois ans à la direction du TnBA, Catherine Marnas poursuit son action de démocratisation culturelle, tout en replaçant la création au cœur de l’institution bordelaise.

Vous allez entamer votre second mandat à la direction du TnBA quelques mois après la commémoration du 70ème anniversaire des centres dramatiques nationaux. Cet événement a-t-il orienté votre programmation ?

Catherine Marnas : Oui, cette nouvelle saison est comme un retour aux pionniers de la décentralisation. Au fil des ans, comme il n’y a pas de Scène nationale à Bordeaux, l’activité de diffusion du TnBA avait un peu pris le pas sur la création. Pour ce second mandat, j’affiche clairement ma volonté de refaire du TnBA un véritable lieu de fabrique. Cela, en poursuivant notre travail d’élargissement des publics, qui a permis au nombre de nos abonnements d’augmenter de 33% lors des trois dernières années. Les spectateurs viennent de plus en plus nombreux dans notre théâtre. Et ils sont de plus en plus jeunes.

La notion de démocratisation culturelle a toujours été importante dans votre parcours d’artiste…

C. M. : Oui, très importante. Quand on fait un atelier en prison, par exemple, ce n’est évidemment pas pour avoir des spectateurs. Mais, quand un jeune homme qui a rencontré l’écriture de Jean-Luc Lagarce avec l’une de nos actrices lors de sa détention vient s’inscrire, dès sa libération, à notre atelier amateur, on se rend compte de l’importance de ce travail. Car le théâtre peut engendrer de véritables chocs de vie. La démocratisation, ce n’est donc pas répondre à une demande, comme on entend parfois, mais proposer l’aventure de l’exigence. Ce n’est pas considérer les spectateurs comme des consommateurs, mais comme des partenaires avec qui l’on tisse des relations tout au long de l’année.

« La démocratisation, ce n’est pas répondre à une demande, mais proposer l’aventure de l’exigence. »

Quelles sont les lignes qui émergent de cette nouvelle saison ?

C. M. : Le fait que je réoriente le TNBA sur la création ne nous prive pas de nos grands coups de cœur. Je trouve très important, par exemple, que l’on puisse voir le travail d’Alain Platel (ndlr, Nicht schlafen). Et puis il y a, cette année, une nouvelle invention, la Saison bis, qui nous permet de réserver des plages de programmation pour des propositions qui se présentent en cours de saison : débats, ateliers d’élèves, lectures, impromptus… Enfin, cette saison est très marquée par les auteurs contemporains. On pourra découvrir sur nos plateaux des textes de Mohamed Rouabhi, Howard Barker, Alexandra Badea, Pauline Bureau…

Et de Serge Valletti, dont vous créez Marys’ à minuit

C. M. : Oui, c’est l’une des deux créations que je présente cette année à Bordeaux, parallèlement à la reprise de ma mise en scène de Lorenzaccio, au Théâtre de L’Aquarium. Valletti est un auteur que j’aime beaucoup. Il s’approprie de façon extrêmement poétique les inventions de langage que l’on peut entendre à Marseille. Quant à 7 d’un coup, ma deuxième création, c’est une adaptation contemporaine du conte Le Vaillant Petit Tailleur des Frères Grimm. Comme Marys’ à minuit, ce spectacle porte un regard sur la culture populaire et montre, finalement, comment les valeurs des petites gens ont été liquidées par l’embourgeoisement de notre société.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

7 d’un coup, Marys’ à minuit, Lorenzaccio
du mardi 26 septembre 2017 au vendredi 9 février 2018
TnBA – Théâtre du Port de la Lune
Place Pierre Renaudel, 33800 Bordeaux, France

7 d’un coup : du 21 novembre au 2 décembre 2017. Marys’ à minuit : du 23 janvier au 9 février 2018. Lorenzaccio (Théâtre de l’Aquarium, à Paris) : du 26 septembre au 15 octobre 2017.

 

Tél. : 05 56 33 36 80.

www.tnba.org

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