Ni trop sec, ni trop réverbérant, l’Auditorium de Dijon offre une sonorité idéale, grâce au travail des acousticiens du cabinet américain Artec.
L’acoustique est une science bien mystérieuse. Si l’on connaissait la recette, il suffirait de reproduire le même plan architectural pour obtenir à chaque fois la sonorité idéale. Malheureusement, copier la forme du Concertgebouw d’Amsterdam ne garantit rien. On trouve aujourd’hui des salles réussies de forme « boîte à chaussure » (comme le Musikverein de Vienne) ou « en vignoble » (comme la Philharmonie de Berlin). En France, les artistes sont unanimes : l’Auditorium de Dijon est la meilleure salle du pays. Maitre d’œuvre du bâtiment, l’agence américaine d’architecture Arquitectonica s’est associée, pour les questions d’acoustique, au célèbre cabinet new-yorkais Artec, à qui l’on doit notamment l’acoustique de la salle de Lucerne construite par Jean Nouvel. La particularité de l’Auditorium de Dijon est de pouvoir proposer à la fois des opéras et des concerts symphoniques. Construite en bois africain, la salle a des dimensions vertigineuses : largeur comprise entre 22 et 34 m, hauteur sous plafond de 20 m, profondeur de scène de 18 m. Huit caissons acoustiques ont ainsi été installés, recouverts de velours, permettant de moduler le volume sonore en fonction du nombre de spectateurs. Selon le répertoire, le velours peut être enlevé. Avec toutes les tentures, le délai de résonnance est de deux secondes. Franck Guinfoleau, régisseur son, se souvient que pendant la construction de la salle, « il y eut des contraintes acoustiques énormes, dues notamment au fait que l’auditorium surplombe une rue. Par ailleurs, au début, il y a eu des problèmes dans la salle, du fait d’un espace d’air entre le béton et le bois. Mais cela a été corrigé. Aujourd’hui, c’est une salle insaturable ! »
Jusqu’à 120 musiciens dans la fosse d’orchestre
Les meilleures places en terme d’acoustique se trouveraient, selon les habitués, au premier balcon. A noter que la salle ne compte aucune place borgne. D’une profondeur de 10 m, la fosse d’orchestre peut accueillir jusqu’à 120 musiciens. Parfait pour Wagner ! Sur scène, avec une ouverture au cadre de 19 m, les chanteurs bénéficient des mêmes conditions qu’au Palais Garnier. En configuration symphonique, le défi est d’avoir réussi à obtenir une résonance pour ce type de musique alors que l’orchestre est placé sur une scène techniquement destinée à l’opéra (avec une hauteur sous gril de 28,5 m !). La solution trouvée est à la fois pratique et performante : onze tours de concert (chacune faisant 8 m de haut et 2,5 m de large, pour un poids d’une tonne) sont réparties sur scène autour de l’orchestre, recréant une conque acoustique ajustable en fonction des musiciens. Si pour le symphonique, toutes les tours sont installées, pour un quatuor, le dispositif se limite à six tours. Le lieu n’est par contre pas adapté pour le théâtre : « Il y a trop de volume, trop de surface réfléchissante. On y comprend mal un acteur qui parle. Et la musique amplifiée manque de définition. Aucune salle ne peut faire tous les genres musicaux ! », nous explique Franck Guinfoleau. C’est notamment pour cette raison que la nouvelle équipe de l’Opéra dirigée par Laurent Joyeux a choisi de concentrer la programmation sur l’opéra, le concert et la danse contemporaine.
A. Pecqueur