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Focus -237-Musique d’aujourd’hui CUICATL ~ LA BUISSONNE

Un piano « bionique »

Un piano « bionique » - Critique sortie Classique / Opéra
Légende : Le compositeur Samuel Sighicelli au piano. DR

ENTRETIEN / Samuel Sighicelli

Publié le 26 octobre 2015 - N° 237

Le compositeur, qui a enregistré ses pièces pour piano et électronique, revient sur sa conception très personnelle de l’instrument.

Quel rapport entretenez-vous avec le piano ?

Samuel Sighicelli : C’est l’instrument par lequel je suis entré dans la composition et l’improvisation. Après avoir escaladé, tout petit, la banquette pour tenter de reproduire la sirène des pompiers passant au loin, puis démonté et passé à la moulinette d’un micro un vieux piano (tout en continuant à apprendre Beethoven et Bach), je me suis tout naturellement retrouvé à 21 ans l’un des premiers élèves de la classe d’improvisation générative d’Alain Savouret au CNSM de Paris. Là, j’ai poursuivi le vieux rêve de parcourir le piano comme une usine désaffectée où dorment de vieilles machines. Pour moi, le piano est l’instrument d’une autre époque, d’une pensée qui commence à avoir fait son chemin. C’est un instrument-institution. Entrer à l’intérieur (au sens propre) a été pour moi la seule solution pour le ré-entendre.

« Parcourir le piano comme une usine désaffectée où dorment de vieilles machines. »

Comment voyez-vous le lien entre le piano et l’électronique ?

S. S. : L’électronique est très présente dans ma musique, comme extension de l’instrument ou invention d’un espace artificiel où déployer le discours. Dans ces pièces pour piano et sampler, j’ai utilisé trois types de sons échantillonnés, réalisés à l’avance à partir de prises de sons et de traitements. Les sons de piano (ordinaires ou préparés, isolés ou en figures) se mélangent avec le son réel et deviennent une extension virtuelle du pianiste – un piano « bionique » en quelque sorte. Les sons électroacoustiques participent d’une couleur, d’un relief, d’un dessin de la musique. Les sons phonographiques, enfin, évoquent directement un son reconnaissable (la mer, une machine, des pas dans la neige…) et ouvrent furtivement l’imaginaire sur une sensation. Tous ces sons sont entièrement commandés par le pianiste grâce à un mini-clavier de 25 touches placé dans le piano. Ils sont ainsi complètement intégrés au geste pianistique.

 

Propos recueillis par Antoine Pecqueur

 

Studios La Buissonne, 397 Route Buissonne, 84210 Pernes-les-Fontaines.

www.labuissonne.com

A propos de l'événement

Samuel Sighicelli

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