La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -242-Compagnie Influenscènes

Trente ans de création, curiosité et partage

Trente ans de création, curiosité et partage - Critique sortie Théâtre
© Régine Nowak Louise Doutreligne et Jean-Luc Paliès dans Vita # bis.

Entretien Louise Doutreligne et Jean-Luc Paliès

Publié le 30 mars 2016 - N° 242

Fondée par Louise Doutreligne et Jean-Luc Paliès en 1985, implantée en Ile-de-France depuis 1995, la compagnie Influenscènes fête ses trente ans.

Comment se traduit votre attachement à la promotion des auteurs vivants ?

Louise Doutreligne : Nous mettons en œuvre un  militantisme actif en faveur des auteurs vivants : étant moi-même auteure, j’ai été élue à la SACD, et j’ai participé à la création des Ecrivains Associés du Théâtre en 2000. C’est le travail de Jean-Luc dans le domaine de la musique et l’opéra, à travers par exemple Les Contes d’Hoffmann salle Gaveau ou Didon et Enée avec l’Ensemble Baroque de Limoges, qui nous a incités à imaginer des versions pupitres avec les comédiens, qui s’approprient la partition textuelle à la manière des musiciens et chanteurs en version de concert. C’est une forme intermédiaire qui permet de faire connaître un texte, de donner à  entendre ses possibilités et ses qualités, sans pour autant investir dans une production scénique. Nous avons ainsi créé les Mardis Midi au Théâtre du Rond-Point, où j’ai présenté plus de trois cents auteurs vivants, et parallèlement les Lundis Inédits à Fontenay-sous-Bois. Nous sommes en résidence depuis 2001 à Fontenay-sous-Bois, où les Lundis Inédits ont cédé la place depuis trois ans au Printemps des Inédits, un  temps fort festif de trois jours rassemblant les auteurs.

« Nous mettons en œuvre un militantisme actif en faveur des auteurs vivants. » Louise Doutreligne

« Les textes de Louise voyagent à travers le temps et l’espace, pour mieux faire retour sur notre présent ». Jean-Luc Paliès

Jean-Luc Paliès : Cette forme particulière d’orchestre de comédiens que nous avons inventée est devenue une marque de fabrique de la compagnie. Elle a d’ailleurs nourri plusieurs de nos créations. J’ai réalisé une soixantaine de versions pupitres, dont je me souviens très précisément à cause du travail impliqué. Les comédiens se mettent au service de la respiration et des articulations de l’écriture, et le metteur en scène suggère, laisse émerger des résonances et correspondances. L’auteur doit se conformer à une durée de 80 à 90 minutes maximum, et nous créons le personnage de Dida, à partir des didascalies, comme une sorte de meneur de jeu. Nous avons mis en place avec succès ce type de travail dans les universités de Sao Paulo au Brésil ou Valencia en Espagne.

Vita # bis s’intéresse à des figures historiques que vous reliez au présent. Est-ce une constante dans vos créations de réactiver ainsi la mémoire ?

L. D. : Après les tueries de Charlie et de l’Hyper Cacher, j’ai voulu écrire sur le fanatisme et le rapport à la femme, et j’ai choisi d’en rendre compte à travers Saint Augustin. J’avais déjà écrit sur Augustin avec Vita Brevis (1998), qui évoque une lettre que lui adresse son ancienne maîtresse, qu’il a abandonnée. Et cette création nous ramène aussi à Teresada, spectacle fondateur de la compagnie, qui éclaire la figure de Teresa d’Avila, qui détestait son confesseur augustinien ! Teresa interroge notre monde et les arts, qu’elle a inspirés. J’aime conjuguer au présent les figures du passé, et mesurer leurs multiples influences. C’est une expérience passionnante ! J’apprécie aussi les temps de recherches, qui me motivent de façon obsessionnelle. Je suis partie en Espagne sur les traces de Prosper Mérimée pour écrire Carmen la Nouvelle, sur celles de Garcia Lorca pour adapter et traduire La Casa de Bernarda Alba…

J.-L. P. : Et là nous sommes allés à Buenos Aires au pays de Carlos Gardel. Car cette création entremêle diverses figures : Saint Augustin, Carlos Gardel, Didon, une journaliste spécialiste des religions… Souvent, les textes de Louise voyagent à travers le temps et l’espace, pour mieux faire retour sur notre présent.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

 

Influenscènes, 94120 Fontenay-sous-Bois. Tél : 01 48 77 94 33. www.influenscenes.com

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