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entretien

Ninon Leclère et Jean-Baptiste Pasquier : toutes les formes des arts de la scène, dans un élan de partage

Ninon Leclère et Jean-Baptiste Pasquier : toutes les formes des arts de la scène, dans un élan de partage - Critique sortie  Paris _THEATRE SILVIA MONFORT
(© Simon Gosselin) : Ninon Leclère et Jean-Baptiste Pasquier, codirectrice et codirecteur du Théâtre Silvia Monfort.

Entretien / Ninon Leclère et Jean-Baptiste Pasquier

Publié le 24 septembre 2023 - N° 314

Ninon Leclère et Jean-Baptiste Pasquier connaissent le Théâtre Silvia Monfort depuis longtemps. Les deux complices nous présentent le projet sur mesure qu’ils ont pensé pour ce lieu phare de la scène transdisciplinaire parisienne.

Quels ont été vos parcours respectifs avant d’arriver au Théâtre Silvia Monfort ?

Jean-Baptiste Pasquier : Pour ma part, j’ai pas mal œuvré dans le domaine de la production et des relations internationales, au sein d’un bureau de production que j’ai cofondé, mais aussi dans des institutions comme le Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis ou le Théâtre national de Bretagne.

Ninon Leclère : En ce qui me concerne, j’ai commencé dans les relations publiques au Théâtre national de la Colline. Puis, j’ai travaillé en tant que chargée de production pour des compagnies. J’ai également fait de la diffusion au Théâtre des Bouffes du Nord.

Quelles aspirations communes vous ont donné envie de postuler ensemble à la direction de ce théâtre ?

N.L. : Il y a d’abord notre intérêt commun pour cette maison. C’est avant tout le lieu qui nous a poussés à vouloir nous lancer dans cette aventure. Nous connaissons tous les deux très bien le Théâtre Silvia Monfort pour y avoir porté, par le passé, de nombreuses productions. Et si nous avons décidé de postuler ensemble, c’est notamment parce que nos regards sont très proches. Nous avons quasiment toujours le même avis sur les spectacles que nous voyons.

J.-B.P. : Nous aimons les mêmes formes, les mêmes esthétiques… Et puis, nous avons la même vision des relations que nous souhaitons construire avec les spectatrices et spectateurs, la même idée du théâtre de service public que voulons perpétuer. Nous sommes tous les deux sur la même longueur d’onde.

N.L. : Ayant tous les deux, durant notre parcours, eu l’occasion de voir toutes sortes de créations, partout dans le monde, l’ouverture à international est également un axe fort qui nous relie, avec cette saison des propositions venues du Liban, du Brésil, du Canada, de Suisse et d’Australie.

J.-B.P. : Il y a aussi notre goût pour les artistes qui mélangent les disciplines, les artistes qui instaurent des liens sensibles avec les publics : que ce soit à travers leurs œuvres elles-mêmes ou à travers les actions qu’ils ou qu’elles proposent autour de la représentation.

« Nous avons à cœur de nous adresser aux publics familiaux, tout en rayonnant à l’international. »

Quelles sont les autres lignes du projet que vous avez élaboré pour le Silvia Monfort ?

N.L. : En dehors de la transdisciplinarité et de l’ouverture à l’international, notre projet se fonde sur une volonté d’augmenter le nombre de spectacles que l’on peut voir en famille. Ainsi que sur la mise en avant de la musique, art auquel nous souhaitons donner une place importante, à côté des formes empruntant au théâtre, à la danse, au cirque…

J.-B.P. : C’est une discipline qui ouvre vers de multiples horizons, par le biais de nombreuses esthétiques différentes. Le Silvia Monfort appartient à un territoire dans lequel la musique de création — qu’elle vienne du jazz, de l’électro, du rock, de la fusion… — était peu visible. Il nous a semblé essentiel de remédier à cela. D’autant que la musique permet un rapport aux publics très ouvert. Le compositeur et musicien Antonin Leymarie sera artiste associé à notre théâtre durant deux saisons, ce qui lui permettra de mettre en place diverses actions artistiques et culturelles en direction des spectatrices et spectateurs.

Actions qui font partie de votre programme Arts en partage

J.-B.P. : Oui. En permettant à des artistes d’ouvrir leur fabrique de création, Arts en partage cherche à casser les barrières qui peuvent exister entre les publics et les artistes, entre les publics et un lieu comme le Silvia Monfort.

N.L. : Cela passe par la possibilité d’accueillir les artistes sur de longues périodes pour des temps de résidence, de création, d’ateliers ouverts…

Pour quelles raisons avez-vous tenu à donner une forte dimension intergénérationnelle à votre projet ?

N.L. : L’idée est vraiment d’être dans un partage qui permet aux jeunes et aux moins jeunes d’être ensemble, dans une même salle, pour assister à une même création. Nous souhaitons privilégier des spectacles à plusieurs niveaux de lecture qui, bien qu’accessibles à toutes les générations, proposent des esthétiques exigeantes et abordent des sujets très actuels. Les enjeux artistiques de ces spectacles pourraient d’ailleurs nous faire dire qu’ils ne sont pas spécifiquement dédiés à la jeunesse.

J.-B.P. : La question de l’ancrage du Silvia Monfort dans son quartier, de l’attractivité de ce lieu pour les habitantes et habitants du XVème arrondissement est pour nous très importante. Nous avons à cœur de nous adresser aux publics familiaux, tout en rayonnant à l’international. Notre projet est traversé par cette tension qui nous a également amenés à prendre en compte davantage l’environnement direct du théâtre, à faire en sorte qu’il vive aussi en journée, le week-end comme la semaine.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

_THEATRE SILVIA MONFORT
Parc Georges Brassens, 106 rue Brancion, 75015 Paris

Tél. : 01 56 08 33 88.

www.lemonfort.fr

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