Tous les feux de la création, rencontre avec Chloé Dabert

Quelles sont les grandes lignes du projet pour lequel vous avez été nommée directrice de la Comédie de Reims en 2019 ?

Chloé Dabert : Le centre de mon projet est d’affirmer l’identité d’une maison d’artistes ancrée sur son territoire. Je partage donc ce théâtre avec de nombreux artistes associés : Christophe Honoré, la Compagnie Les Hommes Approximatifs, Thomas Quillardet, Marie Rémond, Delphine Hecquet, Pierre Nouvel et le comédien Sébastien Eveno qui, lui, est associé à la direction du CDN. Il s’occupe avec moi des questions de programmation et d’actions sur le territoire. En tant que responsable pédagogique, il a également en charge notre classe préparatoire aux Écoles nationales supérieures d’art dramatique et notre École des Maîtres (ndlr, projet européen visant à faire circuler les pratiques théâtrales entre artistes de différents pays avec « un maître » qui les guide dans le développement de leurs capacités artistiques). Tous ces créateurs sont assez différents. J’ai voulu élaborer un projet très ouvert, afin que les liens avec les publics puissent se faire par le biais de diverses écritures, de divers univers esthétiques. Au-delà de ce qui les différencie, le lien qui réunit tous ces artistes est une grande exigence et un rapport important aux textes, aux auteurs.

Vous accueillez aussi des créateurs résidents…

C.D. : Oui, ce sont des créateurs (ndlr, sur la saison 2021/2022 : O’Brother Company avec Rémy Barché, Zoukak Theatre Company, Julie Berès, Charlotte Lagrange, Jonathan Mallard, Clara Chabalier) que nous accompagnons sur leur parcours, c’est-à-dire sur la construction de plusieurs projets. L’idée est vraiment de créer des fidélités à l’échelle d’une trajectoire et non de s’engager sur un seul spectacle, de trouver le mode d’accompagnement qui soit le plus juste pour chaque artiste.

« Nous avons voulu faire en sorte que La Comédie de Reims soit un lieu convivial et familial dans lequel on ait envie d’entrer. »

La Comédie de Reims est également une maison dédiée aux publics…

C.D. : L’ouverture que nous revendiquons pour les artistes vaut aussi, évidemment, pour les publics. Nous avons voulu faire en sorte que La Comédie de Reims soit un lieu convivial et familial dans lequel on ait envie d’entrer, un lieu au sein duquel on puisse se restaurer, voir des expositions, assister à des cartes blanches ou des étapes de création d’artistes programmés, acheter des livres, voir des projections ou des installations, notamment lors de la Biennale INTERCAL qui fait se rencontrer des créateurs de diverses disciplines ou lors de FARaway – Festival des Arts à Reims.

Quelle est la couleur distinctive de cette saison 2021/2022 ?

C.D. : Cette saison est très particulière parce qu’elle est extrêmement riche, notamment du fait des spectacles qui n’ont pu être présentés durant la crise sanitaire et que l’on a reportés. Et puis, c’est la première fois que tous les artistes associés sont présents lors de la même saison. Les spectacles présentés en 2021/2022 sont majoritairement des créations, des productions ou des co-productions, des spectacles que nous avons accompagnés, pour lesquels nous nous sommes engagés.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat