Tous Humains et tous unis à travers l’art

Pour cette nouvelle saison, votre brochure clame Tous humains, pourquoi ?

Didier Deschamps : Un rendez-vous de l’histoire nous a amenés à orienter la saison, et particulièrement l’automne, en ce sens. Nous allons fêter le 70ème anniversaire de la signature, à Chaillot, de la Déclaration universelle des droits de l’homme lors de la troisième Assemblée générale des Nations Unies. S’il nous intéresse de prendre en compte les moments importants de l’histoire de ce lieu, il y a aussi bien sûr une dimension politique. Nous sommes ici fermement attachés aux principes qui sont définis dans cette Déclaration. Cependant, elle a été  formulée il y a déjà 70 ans, et peut-être n’y sont pas énoncés en tant que tels un certain nombre de droits qui nous paraissent aujourd’hui essentiels, qui reflètent les combats actuels. La question de l’égalité hommes-femmes, par exemple, ou celles du genre, des frontières. Nous avons envie, à travers les propositions que nous allons faire, de travailler à ces endroits-là. Nous tenons aussi à aborder le problème de la censure, qui est de plus en plus opérante dans bien des endroits du monde, mais aussi en France.

« Nous allons fêter le 70ème anniversaire de la signature, à Chaillot, de la Déclaration universelle des droits de l’homme. »

Comment allez-vous traiter ces thématiques ?

D.D. : De beaucoup de manières différentes, et tout d’abord à travers des créations. Lia Rodrigues, artiste brésilienne très engagée, associée à Chaillot, qui a installé un centre culturel et une école de danse au cœur de la favela de Maré, présentera Fúria, une nouvelle pièce pour 10 danseurs. Nous sommes également coproducteurs de Franchir la nuit, le prochain opus de Rachid Ouramdane, qui travaille sur la migration. De la même manière, nous sommes depuis deux ans dans une démarche magnifique à la Goutte d’Or, avec Annabelle Bonnéry et Serge Kakudji. Ils conduisent des ateliers avec la population qui donneront lieu à un spectacle. Il y aura bien sûr une soirée anniversaire, le 10 décembre, qui sera orchestrée par la metteuse en scène Anne-Laure Liégeois. Une quinzaine d’artistes issus du théâtre comme Isabelle Adjani, Eric Ruf ou Denis Guénoun et de la danse comme Ohad Naharin, Angelin Preljocaj ou Mathilde Monnier y participeront. Ce sera une soirée intense, qui traitera de sujets sérieux et graves, mais sera aussi très festive. Nous allons également éditer un livre extrêmement riche sur l’histoire du palais de Chaillot et sortir le numéro 2 de la revue L’Esplanade, qui sera consacrée à la question de la censure. Comme il est important pour nous que cet événement résonne au-delà de notre enceinte, nous envisageons une collaboration hors les murs avec le photographe Charles Fréger, artiste associé pour cette saison, qui a illustré notre brochure de ses portraits riches de la diversité de l’humanité, et nous nous associerons à la SNCF afin d’exposer dans cent gares françaises 30 articles de la Déclaration revisités par le célèbre typographe Philippe Apeloig.

Quels seront les autres temps forts de cette saison ?

D.D. : La saison s’ouvrira avec un temps fort autour de Japon, puisque nous sommes un des partenaires importants de Japonismes 2018. Nous proposerons un kabuki absolument sublime, le retour d’Hideki Noda, directeur du Tokyo Metropolitan Theatre, et une pièce de Saburo Teshigawara, un duo magnifique avec Rihoko Sato. Nous présenterons aussi un programme mixte qui réunira Kader Attou, Jan Gallois et un groupe totalement déjanté, Tokyo Gegegay. L’Automne sera le moment d’un autre temps fort avec la Batsheva. Quatre programmes nous montreront la puissance d’Ohad Naharin et de sa magnifique compagnie. Cette nouvelle saison est particulièrement riche, avec 43 spectacles différents dont plus de la moitié sont coproduits, produits ou accompagnés, ce qui représente un engagement très fort en faveur de la création.

Propos recueillis par Delphine Baffour