La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -201-Centre Chorégraphique National de Tours

Goûter toutes les différences !

Goûter toutes les différences ! - Critique sortie Danse Tours Centre Chorégraphique National de Tours
© Frédéric Iovino

Publié le 9 septembre 2012 - N° 201

Comment un artiste (ré)invente-t-il son travail et ses ambitions quand il prend la direction d’une structure culturelle ? Thomas Lebrun explicite son projet. 

« Que les spectateurs se trouvent face à la diversité de la danse. »

Sauriez-vous dire quels désirs guident votre action au CCNT ?

Thomas Lebrun : D’abord un désir d’ouverture. Quand une structure incarne la danse sur un territoire, le risque est que l’esthétique valorisée par ce lieu devienne la seule référence pour le public. Je voudrais, au contraire, que les spectateurs se trouvent face à la diversité de la danse, de ses pensées, de ses écritures et de ses discours – qui sont autant de façons de voir le monde. A travers la programmation, l’accueil d’artistes en création ou les projets pédagogiques, j’espère que ce désir d’accueillir les différences est sensible…

Vous étiez chorégraphe ; à présent vous êtes aussi programmateur. Comment avez-vous conçu la programmation ?

T. L. : Cette activité de programmation est particulièrement nécessaire au CCNT, car il n’y a pas réellement de structure de diffusion en danse sur le territoire. J’ai cherché à valoriser de tout jeunes artistes, mais aussi à soutenir des chorégraphes confirmés mais plutôt à l’écart des circuits de diffusion aujourd’hui. Tous sont des artistes profondément engagés. Les 21 et 22 septembre, nous allons inviter des danseurs amateurs qui ont repris l’an dernier ma pièce Switch. Je suis heureux que cette ouverture de saison soit l’occasion d’admirer le travail d’amateurs passionnés et de valoriser la pédagogie et la transmission du répertoire. Pour cette soirée j’improviserai également avec Carolyn Carlson. Ensuite, la saison sera ponctuée de spectacles, que nous essayons d’accueillir pour deux représentations à chaque fois. Il y aura aussi les rendez-vous Goûtez ma danse, une formule consistant à inviter deux artistes d’origine étrangère, installés en France, à présenter leur travail. Une discussion s’ensuit ; ils invitent le public à apprendre un pas de danse traditionnel et à goûter une spécialité culinaire de leur pays. Un autre événement en partenariat avec Sidaction, intitulé Moment Donné, aura lieu le 1er décembre. La saison se terminera avec le festival Tours d’Horizons, dont la thématique est Danseurs, cultures d’ailleurs, avec au programme la création des amateurs qui auront travaillé toute l’année avec Emmanuelle Gorda et Christian Ubl, mais aussi des artistes soutenus par le CCNT durant cette saison, comme Radhouane El Meddeb ou encore Afshin Ghaffarian.

Les centres chorégraphiques nationaux accueillent aussi des équipes en création, dans le cadre du dispositif « accueil studio »… Que représente cette mission ?

T. L. : Nous recevons en accueil studio huit compagnies, auxquelles nous fournissons un studio, une coproduction (entre 5000 et 10000 euros) et un hébergement, car nous disposons d’un appartement pouvant accueillir cinq personnes – sans cela, les nuits d’hôtels engloutiraient une partie conséquente de l’apport financier ! J’espère que nous pourrons prochainement disposer d’un second appartement. Outre les accueils studio, des résidences de création concernent, entre autres, certains interprètes de mes pièces qui sont aussi chorégraphes. Dans le cadre d’une résidence, les compagnies bénéficient d’un espace de travail, d’un logement et d’un budget couvrant au minimum les voyages et défraiements de leur équipe. Le dispositif L’Heure curieuse permet de rencontrer les artistes et de découvrir des extraits de leur création à  venir.

Vous avez par ailleurs, en tant que chorégraphe, plusieurs projets de création…

T. L. : Je prépare pour la saison prochaine une pièce pour jeune public. Je vais également travailler sur Trois décennies d’amour cerné, qui sera créé aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis en 2013. Composée de trois soli et un duo, cette pièce rassemblant cinq danseurs, où je suis aussi interprète, naît de mon désir d’évoquer trois décennies marquées par le Sida. L’idée n’est évidemment pas de porter un discours moral sur un sujet de société, mais d’explorer les états qui naissent du changement de perception de l’amour occasionné par le Sida : amour cerné de risques, de doutes, de peur, de solitude. Des états que nous avons tous traversés, et qui nous renvoient à une question cruciale : comment donne-t-on son corps ?

Propos recueillis par Marie Chavanieux

Trois décennies d’amour cerné (De risques : Premier solo de la création), dans le cadre de Moment Donné le 1er décembre et  La jeune Fille et la Mort les 29 et 30 janvier au Nouvel Olympia.

A propos de l'événement

Trois décennies d’amour cerné (De risques : Premier solo de la création), La jeune Fille et la Mort
du samedi 1 décembre 2012 au mercredi 30 janvier 2013
Centre Chorégraphique National de Tours
47 Rue du Sergent Leclerc 37000 Tours
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