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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -269-Théâtre de Caen.

SOUS LE SIGNE DE LA CURIOSITÉ ET DE LA DÉCOUVERTE

SOUS LE SIGNE DE LA CURIOSITÉ ET DE LA DÉCOUVERTE - Critique sortie Classique / Opéra Caen Théâtre de Caen.
Patrick Foll © Philippe Delval-théâ̂tre de Caen

ENTRETIEN / PATRICK FOLL

Publié le 27 septembre 2018 - N° 269

Si le sillon baroque constitue depuis longtemps l’atout majeur de la programmation du Théâtre de Caen, l’autre volet de la saison est la relecture contemporaine de grands titres du répertoire des XIXe et XXe siècle. Le directeur du théâtre fait le point sur ces deux grands axes sans oublier son positionnement dans la région Normandie.

« La jeune génération baroque pousse les murs du répertoire. »

Cette saison, l’orientation baroque est très anglaise. Comment l’expliquez-vous ?

Patrick Foll : Ce focus anglais est lié à l’actualité des ensembles que nous avions envie de mettre à l’honneur. Les Arts florissants exhument l’un des chefs-d’œuvre de la comédie musicale du XVIIIe siècle, The Beggar’s Opera. Nous reprendrons Miranda avec Raphaël Pichon après une séance de travail de 3 semaines, et enfin, nous créons le nouveau projet de Sébastien Daucé : Songs, espèce de discothèque idéale d’opéras du XVIIe siècle. Ce qui est intéressant – et crée une unité –, c’est qu’entre les Arts florissants et la nouvelle génération du baroque s’épanouit la même envie de faire (re)découvrir le répertoire anglais des XVIIe et XVIIIe siècles.

Comment le public du Théâtre de Caen réagit-il face à ces découvertes ?

P. F. : Cela fait plus de 30 ans que ce théâtre participe au mouvement baroque. Même de grandes œuvres comme Atys ou Médée étaient à l’époque des découvertes totales. La dernière expérience vécue à grande échelle a été le Ballet royal de la nuit que presque personne ne connaissait, un projet d’autant plus risqué que le spectacle durait 3h30. Le succès a été immense : nous étions complets plus d’un mois avant la première et nous avons dû ajouter 2 représentations. Ce type de proposition incite le public à faire preuve de curiosité et d’envie de découverte. La question que se pose la jeune génération baroque est finalement celle de l’élargissement du répertoire. Quelles nouvelles formes peut-on proposer aujourd’hui au public ? En reprenant des musiques déjà écrites qu’ils rassemblent et exhument, des chefs comme Raphaël Pichon ou Sébastien Daucé s’assimilent à des artistes qui écriraient des œuvres nouvelles. Ils poussent les murs du répertoire.

Parallèlement, vous programmez de grands titres des XIX ou XXe siècles, revisités par des artistes contemporains. Ce choix est-il dicté davantage par le répertoire ou par les artistes ?

P. F. : Un peu les deux. J’avais depuis longtemps l’envie de programmer le Freischütz de Weber. Le déclencheur a été le souhait de Laurence Equilbey de le monter avec son ensemble Insula orchestra et le collectif de magie nouvelle 14 :20 dont le vocabulaire se prête particulièrement à l’univers fantastique de l’œuvre. Pour Jenufa de Janacek, un rêve depuis très longtemps aussi, l’occasion s’est présentée quand l’Opéra de Dijon a exprimé l’envie d’une nouvelle production qui correspondait à mon canon idéal : un chef et une distribution majoritairement tchèques, et un jeune metteur en scène, Yves Lenoir, complètement nourri des matériaux du théâtre contemporain. Quant au Nain de Zemlinsky, dont une production à Genève m’avait impressionné, j’ai été séduit par le projet de l’Opéra de Lille qui a proposé une réorchestration pour orchestre de chambre et la personnalité du metteur en scène Daniel Jeanneteau.

Comment le théâtre s’insère-t-il dans la nouvelle grande région normande ?

P. F. : Le Théâtre de Caen est la plus importante scène de spectacle vivant subventionné de la région. Avec l’autre opéra du territoire, l’Opéra de Rouen, nous sommes dans une complémentarité qui est une chance pour tous. Les différences entre nos deux modèles – Caen n’a pas de masse artistique permanente – permettent de monter des spectacles aux répertoires forcément différents. La région a récemment décidé un projet de pôle lyrique et symphonique de Normandie qui a pour vocation de mettre en circulation les complémentarités de l’un et de l’autre. Tout le monde sera gagnant : les artistes du territoire et le public qui pourra découvrir dans chaque lieu des œuvres qu’il n’aurait pas pu voir sinon.

 

Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Théâtre de Caen.
135 Boulevard Maréchal Leclerc, 14000 Caen

Tél. : 02 31 30 48 20. www.theatre.caen.fr

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