Pour Liz Santoro, les sciences accompagnent l’élan créatif
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Smaïl Kanouté est un artiste transdisciplinaire qui allie les arts plastiques, la vidéo et la danse dans des spectacles choré-graphistes. Il nous raconte son parcours et ses attentes, et analyse l’impact du mécénat de la Caisse des Dépôts sur son travail.
Pourquoi avez-vous ressenti la nécessité d’allier danse et arts plastiques ?
Smaïl Kanouté : Au départ je suis designer graphique, diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. J’ai appris à danser en autodidacte, dans le milieu des danses urbaines. Comme je suis bègue, c’était l’un de mes seuls moyens d’expression. Dans les soirées, je dansais jusqu’à quatre heures d’affilée ! Ce qui m’intéresse dans la création, c’est d’évoquer des problèmes sociaux à travers la danse et différents médiums, qu’il me paraît nécessaire de conjuguer afin d’aborder les sujets en profondeur. Never 21 est à cet égard un repère fort dans mon travail. Dans cette pièce, qui évoque ces jeunes afro-américains morts par tir d’armes à feu avant 21 ans, j’ai associé la sociologie, les arts visuels et la danse. Je suis allé enquêter à New York, au Brésil, puis j’ai abordé ces sujets en restant dans la poésie, l’évocation, le ressenti.
À quel moment intervient la Caisse des Dépôts dans votre parcours ?
S.K. : Le mécénat a justement soutenu en 2020 Never 21, à hauteur de 25000 euros. Dans le monde des coproductions chorégraphiques, c’est énorme. Nous cherchions d’autres manières de nous financer que le circuit institutionnel. Nous avons découvert leur appel à projet et tenté notre chance. Un tel financement alors qu’ils ne nous connaissaient pas nous a surpris. Ils ont ensuite été très attentifs à l’évolution du projet. La pièce a beaucoup compté dans mon parcours. C’est le premier volet d’un triptyque composé de Yasuke Kurosan, sur un esclave mozambicain du 16e siècle devenu samouraï au Japon, et de So Ava, sur la philosophie vaudou, pour laquelle je suis allé rencontrer une communauté qui vit dans une cité lacustre au Bénin. Ces histoires singulières font écho à ma recherche personnelle autour de mon identité, de ma culture franco-malienne. Elles enrichissent le perception du vécu.
Le soutien s’est-il poursuivi ?
S.K. : Ensuite j’ai été le premier lauréat de la bourse de mobilité dans le cadre du dispositif d’accompagnement de la jeune scène chorégraphique de la Caisse des dépôts, en partenariat avec l’Institut Français. Cela nous a permis de nous déployer à l’international. Cette année, nous avons sollicité la Caisse des Dépôts pour une création autour des danses brésiliennes, avec un trio de danseurs brésiliens qui mélangent passinho, baile funk, voguing et capoeira. Ce soutien des projets artistiques sur plusieurs années est capital. Il génère un suivi sincère, qui donne leur chance à des artistes émergents comme moi. C’est vraiment le projet qui motive les mécènes, et non le statut de l’artiste ou un phénomène de mode. Un côté humain essentiel entre en ligne de compte dans l’accompagnement.
Cela vous a-t-il conforté dans votre démarche artistique ?
S.K. : À partir du moment où on commence à être soutenus par des partenaires comme la Caisse des Dépôts ou le théâtre de Chaillot, il est possible de créer de manière plus sereine, de s’aventurer et d’imaginer plus loin. Cela tisse une histoire et des rencontres. Le soutien n’est pas seulement financier, la Caisse des Dépôts nous donne de l’énergie et facilite la gestion des projets, permettant de convaincre d’autres partenaires, de se structurer davantage, de mettre en place des stratégies, de réfléchir à ce que nous faisons et pourquoi.
Propos recueillis par Agnès Izrine
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