Smaïl Kanouté conjugue les arts pour mieux évoquer le réel
Smaïl Kanouté est un artiste [...]
Processus de création et démarche artistique : Arthur Perole nous livre ses secrets de fabrication et analyse l’apport du mécénat de la Caisse des Dépôts à son développement en tant que chorégraphe.
Depuis Stimmlos, votre première pièce créée en 2012, comment qualifieriez-vous votre démarche ?
Arthur Perole : L’humain est mon sujet de prédilection. Mes spectacles sont de l’ordre de la pulsion de vie. Dans l’écriture chorégraphique, la question du groupe est très présente, comme celle de l’image et du regard souvent très direct. Dans les états de corps, ce qui m’accompagne, c’est à la fois la lenteur et la pulsation. C’est ma manière de sculpter l’espace, le temps, les rapports aux autres. De ralentir l’émotion aussi. Parallèlement, nous concevons des « travaux Hors Champs », des projets artistiques extérieurs associés à chacune de nos pièces. Nous venons de coréaliser avec Pascal Catheland RÊVES, une série de quatre épisodes avec des ados de 3e de Draguignan où je suis artiste associé à la Scène nationale. Ils nous racontent leur vision du futur, de l’amour, de l’adolescence, de leur corps qui se transforme, récits mélangés à une sorte de fiction. La série sort au cinéma en novembre-décembre.
N’est-ce pas aussi le thème de votre dernière création ?
A.P. : Tendre carcasse est un quatuor autour de l’apparition de la parole dans mon travail, très lié à la réalisation de RÊVES. Il correspond également à ce que nous avons développé depuis plusieurs années et s’est renforcé avec mon solo Nos corps vivants autour de l’être ensemble, de la confidence, de l’intimité reliée à l’identité, de la construction de soi face au regard de l’autre. La matière artistique part d’une collecte d’histoires et de gestes personnels, à la fois énoncés et dansés pendant la pièce, pour raconter la construction identitaire de quatre jeunes interprètes sortant de formation, qui livrent leur désir brûlant d’être sur scène et de danser. Tendre Carcasse se focalise sur le corps, sur son corps qui s’articule avec d’autres.
À quel moment intervient la Caisse des Dépôts dans votre parcours ?
A.P. : La première fois, c’était pour Rock n’Chair en 2017. J’étais à un moment de mon développement où je commençais à ne plus être vraiment émergent, tout en n’étant pas encore conventionné ni associé à une structure. La Caisse des Dépôts m’a facilité ce passage difficile, où l’on a besoin d’être ambitieux artistiquement pour poser l’écriture, l’esthétique, l’identité de la compagnie, alors que les moyens manquent. Leur soutien a été important. Nous venions tout juste de commencer un partenariat avec Chaillot, et le mécénat nous a permis d’assumer une visibilité aussi importante, qui suppose des pièces d’envergure sans le droit de se tromper.
Comment caractériseriez-vous l’apport de la Caisse des Dépôts ?
A.P. : Ce qui est beau, c’est d’être suivi sur le long terme avec un apport financier très important, avec aussi un regard sur le travail. C’est une sensation réconfortante pour un artiste, car nous tissons ensemble un parcours jalonné de pièces qui jouent le rôle de pivot. La Caisse des Dépôts nous offre une véritable écoute, un vrai moment d’échange, où la question du projet dans sa profondeur, de ce qu’il raconte, est nécessaire pour eux. Leur accompagnement renforce le projet et donne des perspectives. Surtout, ce n’est pas automatique. Pour Tendre carcasse, le projet a été retoqué quand nous l’avons présenté, il nous a fallu le revoir pour le redéposer six mois plus tard. Je trouve salutaire que même après plusieurs années de fréquentation ils préservent cette exigence. C’est ce qui constitue un vrai partenariat.
Cet accompagnement a-t-il infléchi vos projets ?
A.P. : Je dirais qu’il m’a permis de faire ce que j’avais en tête sans rogner sur mes rêves. Que ce soit le nombre d’interprètes, les costumes « couture », la création sonore, l’équipe. Je n’ai jamais eu à couper dans mes créations, c’est une chance extraordinaire ! Si le soutien de la Caisse des Dépôts n’a pas influé sur ma démarche artistique, il m’a permis de ne pas dévier de ma trajectoire, ce qui est déjà énorme.
Propos recueillis par Agnès Izrine
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