Simon Proust, la baguette pédagogue

La dimension pédagogique du travail de Simon Proust s’affirme dans le choix de programmes, « avec des grandes œuvres qui enrichissent les techniques de jeu et l’approche musicale, tout en contribuant à élargir le répertoire, en particulier vers la création ». La tournée cet été avec l’Orchestre des Jeunes du Centre, dont il est le directeur musical, en donne l’illustration. « Wagner permet de travailler le son et Camille Pépin viendra échanger avec les musiciens pour sa pièce Aux confins de l’orage ». Au Conservatoire du Grand Nancy, le 5 mai, le spectacle conçu avec les classes de danse et des chorégraphies des professeurs « insistera sur la conscience rythmique, un aspect que les jeunes musiciens, plus particulièrement les pupitres de cordes et de bois ne maîtrisent pas spontanément. Estancia de Ginastera se révélera très formateur à cet égard, tandis que Ionisation de Varèse, en réunissant toutes les percussions, aura une valeur d’exemple ».

Anticiper l’évolution des publics

Dans les aventures collectives qu’il défend, Simon Proust assume « un côté laboratoire ». Avec l’Ensemble Cartésixte, fondé en 2011, « il y a une réflexion sur la dimension visuelle du concert, et depuis 2021, un aspect solidaire, avec le renversement des bénéfices à des actions locales sur la région de Tours, où est basé l’ensemble, et l’envie d’aller plus loin, comme, par exemple, inviter des personnes à des répétitions dans la rue ». Le jeune chef a une conscience aiguë de l’importance d’« anticiper quels peuvent être le public et les musiciens des concerts de demain, et, surtout, de tirer les bilans des expérimentations. Le travail d’initiation mené avec Clément Lebrun est exemplaire pour nouer un lien de confiance avec le public. Les projets qui viennent apporter des choses hors de la musique fonctionnent très bien également, comme la danse participative avec des jeunes sur le Festin de l’araignée de Roussel avec l’ONPL et le Cndc à Angers ».

Gilles Charlassier