Shake

« En anglais, le second titre de la pièce, What you will, joue avec le diminutif de William. J’ai joué avec son nom comme Shakespeare le fait avec son prénom. Cela m’a donné la liberté de retravailler le texte et d’imaginer une version pour cinq acteurs, d’une manière ludique tout en gardant l’esprit du grand Will : faites ce que vous voulez avec cette histoire ! La nuit qu’on appelle nuit des rois est la douzième après Noël : serviteurs et maîtres changent de rôle, dans un moment de fête. S’il y a un texte avec lequel je peux me permettre de jouer, c’est celui-là, car Shakespeare y propose un divertissement. To shake, en anglais, a plusieurs sens : c’est remuer, mais aussi trembler, comme dans un tremblement de terre ou quand on tombe amoureux : ce mot désigne donc bien tous les bouleversements à l’œuvre dans la pièce.

Le génie et la grâce de la transformation

J’essaie d’être très libre avec les comédiens. Le travail se déroule au rythme des improvisations. Tout le travail dramaturgique s’est fait avec les acteurs et Marie-Paule Ramo, la traductrice. Nous avons plongé dans le texte de Shakespeare, avec le souci de garder le sens et l’histoire. Mais il y a eu des moments où il a fallu couper et recoudre, en particulier quand nous avons supprimé certains personnages. Il y a une sorte de grâce dans cette pièce où les personnages, autant que la complexité de la situation, sont transformés par l’amour. On ressent cette grâce en travaillant avec les acteurs. La pièce passe par des codes, des conventions théâtrales (notamment celle du travestissement) qui apparaissent souvent dans le théâtre de cette époque ; mais le génie de Shakespeare opère une sorte de magie : chez lui, tout est extraordinaire et différent ! »

Propos recueillis par Catherine Robert