Scènes de violences conjugales de Gérard Watkins

« J’ai commencé à écrire très jeune, vers l’âge de 15 ans. Depuis, je n’ai jamais arrêté. Avec mes pièces, je cherche à raconter ce que je vois du monde, les choses qui me parviennent et qui me hantent. J’ai élaboré Scènes de violences conjugales en plusieurs temps. Au début des années 2010, j’ai commencé à m’intéresser au problème du féminicide. Les chiffres qui commençaient à donner lieu à des articles dans la presse m’interpellaient. Il y avait, aussi, la façon sexiste dont les médias traitaient l’affaire Strauss-Kahn en France qui m’offusquait. J’ai donc décidé d’écrire une pièce sur les violences conjugales en me documentant et en organisant des séances de recherche de plateau. J’ai essayé de m’interroger sur la façon dont ce sujet pouvait être envisagé au théâtre. J’ai eu l’idée de raconter deux histoires parallèles, celles de deux couples, de deux femmes qui tentent d’échapper aux violences qu’elles subissent.

Le langage de l’emprise

Pour cela, j’ai pris contact avec l’Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis, avec des conseillères conjugales, avec la vice-procureure Françoise Guyot, avec toutes sortes de personnes dont le travail consiste à aider les victimes des violences conjugales… Ces rencontres m’ont permis d’assimiler le langage dont j’avais besoin pour écrire ma pièce. Car les mécanismes de l’emprise, les violences conjugales et les rapports de domination qu’elles induisent ont un langage spécifique. Cette pièce est assez particulière, par rapport à mes autres textes. Même si je change de style à chaque projet, car je tiens toujours à ce que la forme s’adapte au fond. En écrivant Scènes de violences conjugales, j’ai essayé, à travers la musicalité de la langue, d’évoquer des choses susceptibles de plonger les spectateurs dans l’émotion, de provoquer leur empathie. »

Propos recueillis par M. P. S.