Olivier Chapelet témoigne de son enthousiasme pour « Requin Velours »
Le directeur du TAPS (théâtre strasbourgeois [...]
Focus -329-« Requin Velours » : la quête de réparation de Gaëlle Axelbrun à Théâtre Ouvert
Sur un plateau transformé en ring de boxe, trois jeunes femmes font front commun après le viol subi par l’une d’entre elles. Dans Requin velours, l’autrice et metteuse en scène Gaëlle Axelbrun laisse éclater la triple voix d’un besoin de justice, d’un besoin de vengeance et d’un besoin de consolation.
Quel projet d’écriture a abouti à Requin Velours ?
Gaëlle Axelbrun : Au départ, il y avait l’envie de parler de l’après viol, du vide dans lequel les victimes se retrouvent quand la réponse de la justice ne vient pas réparer leur traumatisme. Très vite, il m’a semblé intéressant que cette histoire se vive à trois. Car seule la puissance du collectif peut permettre à une victime de se reconstruire après un viol. Mais Requin Velours n’est pas simplement une histoire. Je suis persuadée que le partage d’un texte sur une scène de théâtre peut produire des choses dans le réel.
Qui sont les trois personnages de votre pièce ?
G.A. : Il y a Kenza (ndlr, interprétée par Amandine Grousson), Joy (ndlr, interprétée par Cécile Mourier) et Roxane (ndlr, interprétée par Mécistée Rhea). En plus de l’amitié qui les lie toutes les trois, deux d’entre elles vivent une histoire d’amour. Suite au viol qu’elle a subi, Roxane choisit de devenir travailleuse du sexe pour tenter de se réparer, de se réapproprier son corps.
G.A. : Symboliquement, le ring raconte quelque chose du combat que mène Roxane pour mettre son corps en mouvement et reprendre le pouvoir. C’est aussi une barrière qui protège le public de certains mots, d’une certaine violence.
Quel regard portez-vous sur votre écriture ?
G.A. : Elle comporte une part d’onirisme, tout en usant d’une langue très directe, parfois crue. Pour parler du viol, je n’avais pas envie de formulations compliquées. J’ai préféré appeler les choses par leur nom, tout en créant des passages assez poétiques. Mon geste d’écriture est né d’un mouvement viscéral. Je ne me suis pas posé la question de ce que j’étais en train de produire, de qui allait être capable de recevoir ce que j’écrivais (ndlr, Requin Velours est déconseillé aux moins de 16 ans). La question s’est posée plus tard, lorsque j’ai travaillé à la mise en scène. Je me suis alors rendue compte que le public était un témoin nécessaire, qu’il faisait partie intégrante du dispositif. Les trois personnages ont besoin de son attention pour créer le procès auquel elles souhaitent donner forme.
Manuel Piolat Soleymat
Tél. : 01 42 55 55 50.
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