Remises en question

Au mois de juin dernier, il accompagnait la promotion 27 de l’école de la Comédie pour la mise en scène de leur spectacle de sortie. Pierre Maillet, artiste associé à la Comédie, est de retour cette saison avec deux spectacles, Letzlove-Portrait(s) Foucault et La journée d’une rêveuse (et autres moments…). Le premier a été créé en 2015, suite à la réédition d’entretiens entre le célèbre philosophe et un jeune homme rencontré sur la route, Thierry Voeltzel (c’est son nom, d’où l’anagramme de Letzlove). Le livre paraît une première fois en 1978, dans une certaine indifférence. Pourquoi ? Parce que le livre ne porte pas le nom de Michel Foucault. Une volonté du philosophe pour qu’on écoute attentivement la parole de Thierry. Car ces entretiens ne délivrent pas une nouvelle leçon du philosophe mais constituent bien l’occasion d’une rencontre, celle de Foucault avec une jeunesse qui n’a pas vécu 1968. Inlassablement questionné par son aîné, le jeune homosexuel militant d’extrême gauche porte le témoignage de la génération qui arrive, revenue des combats intellectuels et politiques, et héritière d’une nouvelle liberté. Une rencontre que Pierre Maillet met en scène avec simplicité, en croisant l’intime et le politique.

Un théâtre extravagant et poétique

On reste dans les années 1960-1970 avec le second spectacle, La journée d’une rêveuse (et autres moments…), qui s’appuie sur deux textes de Copi. Sa compatriote et amie Marilù Marini interprète la femme imaginée par le célèbre dramaturge argentin, qui, un jour, décide de jeter les réveils qui au quotidien lui donnent l’ordre de faire la cuisine, la vaisselle, etc. Marilù Marini a été découverte notamment pour son interprétation de la célèbre Femme assise du même Copi dans une mise en scène d’Alfredo Arias. Dans ce théâtre extravagant et poétique, mélancolique et surréaliste qui fonde le style inimitable de Copi, Marilù Marini, en duo avec une pianiste, excelle à faire jaillir le rire franc et irrévérencieux de l’auteur argentin, qui marie si bien burlesque et profondeur.

Eric Demey