Regards dansants #8 autour de Gaëlle Bourge

L’Histoire de l’art au prétexte de la danse, ou inversement ? Avec Gaëlle Bourges, les images prennent corps par de formidables évocations, en appui sur des œuvres comme des tableaux, des sculptures, des tapisseries… Qui n’a pas vu A mon seul désir ne sait pas combien ces images, en traversant les siècles, peuvent nous bouleverser. En s’attachant à la tapisserie de La Dame à la Licorne, que l’on peut voir au musée de Cluny, la chorégraphe a créé un spectacle unique : alors qu’elle commente en voix off, telle une guide-conférencière, les différents détails et symboles qui peuplent chacun des panneaux de la tapisserie, les quatre danseuses prennent la pose. Au-delà de l’évidente beauté qui se dégage de l’exercice de style, et du final flamboyant et surprenant, Gaëlle Bourges réussit une chose passionnante : celle d’aiguiser notre regard, et, au-delà, notre réflexion. Car en faisant vivre cette Belle Dame, c’est toute une pensée féministe qu’elle réactive, autour de la question du corps de la femme.

Se pencher sur les figures du passé

Le choix de programmation du Trident, en partenariat avec la compagnie Arkanso, se poursuit avec la dernière pièce de Gaëlle Bourges. OVTR (ON VA TOUT RENDRE) fait référence aux figures des cariatides de l’Acropole d’Athènes mais aussi à différentes époques : entre leur édification au V^e siècle avant JC, leur pillage orchestré par les britanniques au XIX^e siècle, et la question de leur restitution encore vive ces derniers jours, rien n’échappe à Gaëlle Bourges. Puis, en famille, on remontera avec elle plus encore le fil du temps, dans une exploration du récit de la découverte de la grotte de Lascaux (Revoir Lascaux). Et pour une expérience inoubliable, rendez-vous dans Une Gare, une proposition participative à l’attention de tous les curieux  : la performance finale s’annonce peuplée des ombres des artistes du passé, débarqués un jour à la gare maritime de Cherbourg…

Nathalie Yokel