Focus -291-Le Théâtre Jean Vilar de Suresnes célèbre la présence artistique
Regain, d’après Jean Giono / mise en scène de Jean-Baptiste Sastre
Entretien Jean-Baptiste Sastre
Théâtre / Création / d’après Jean Giono / mes Jean-Baptiste Sastre
Publié le 26 août 2021 - N° 291
Avec des associations de jeunes, Jean-Baptiste Sastre adapte et met en scène le roman de Jean Giono. Une manière de célébrer la joie des poètes et la force de vivre.
Pourquoi avez-vous choisi de monter Regain ?
Jean-Baptiste Sastre : Ce roman parle d’une terre rasée, tellement morte qu’on ne peut y planter un canif. Elle se met à repousser grâce à un couple qui lui redonne vie. Je me suis dit que la période était propice à la renaissance ! Au fond, ce texte est très proche de mon spectacle Plaidoyer pour une civilisation nouvelle, d’après Simone Weil, qui s’interroge sur comment penser un monde après la guerre. J’avais déjà commencé à travailler Regain avec des jeunes de Toulon. En relisant la correspondance de Jean Vilar avec Jean Giono, j’ai pensé qu’il serait intéressant de continuer avec des jeunes de Suresnes. Alors que nos sociétés sont extrêmement nécrophages, on tend, grâce à cette jeunesse, à retrouver la joie de Bernanos qui est l’attention à l’autre, la joie des poètes.
« Comme chez Shakespeare, on trouve chez Giono une sexualité très poussée, des sorcières, la nature. »
Qui sont ces jeunes ?
J.-B.S. : Je travaille beaucoup avec des jeunes gens du territoire, notamment avec une association qui s’appelle le Celije (Centre d’initiative pour les jeunes). Ce sont également eux qui constituent le chœur autour de Hiam Abass dans Plaidoyer d’une civilisation nouvelle avec une quinzaine d’autres associations. Certains ont un métier, d’autres font des études. Beaucoup ont fait des maraudes pendant le confinement. Leur rapport à l’autre est très puissant, certains reviennent du Sénégal où ils ont construit des écoles, ils sont aussi bâtisseurs de leur propre monde. Mais ce n’est pas du théâtre amateur.
Que gardez-vous du roman dans votre adaptation ?
J.-B.S. : Le travail se réalise avec les jeunes, j’aime que ce soient eux qui tirent tel pan du texte. Dans le roman, il y a un personnage magnifique : le vent. Il faut le traiter. La langue de Regain touche beaucoup les jeunes. Giono disait : « Celui qui parle le mieux de la Provence, c’est Shakespeare ». Comme chez Shakespeare, on trouve chez Giono une sexualité très poussée, des sorcières, la nature. C’est peut-être de ce côté-là qu’on pourra emmener le projet.
Propos recueillis par Isabelle Stibbe
A propos de l'événement
Regain, d’après Jean Gionodu samedi 12 mars 2022 au dimanche 13 mars 2022
THEATRE JEAN VILAR-SURESNES
16 place Stalingrad, 92150 Suresnes.
Le samedi 12 mars à 20h30 et le dimanche 13 mars à 15h.
Tél : 01 46 97 98 10.