Qui est le malade ? de Jasmine Remadna

Qu’est-ce qui vous a donné envie de mettre en scène une relation patient psychothérapeute ?

Jasmine Remadna : Au départ, c’était une création pour ma dernière année au Centre de formation danse de Cergy. Ce qui m’a donné envie d’écrire à ce sujet est l’écoute d’une musique : Les pensées de The Architect. Il commence par dire : « Imaginez la forme de la boite crânienne, Son épaisseur, sa dureté, Comparez le plan mental à une scène de théâtre, Sur laquelle évoluent des personnages, ce sont les images… ». Cela m’a fait penser à une consultation – guérison, à une espèce d’exercice chamanique qui mettrait en jeu l’esprit et le corps.

Lorsqu’on pense à une consultation on imagine un face à face. Or vous travaillez avec une dizaine de danseurs, pourquoi ?

J.R. : Nous sommes plusieurs car nous avons voulu personnifier les pensées de la patiente et de la psychiatre. D’ailleurs on se demande très vite laquelle des deux est la plus névrosée.

« Il n’y a pas de mensonge ! Le seul rôle que jouent les danseurs c’est le leur. »

À partir de quelle matière avez-vous travaillé ?

J.R. : J’ai beaucoup échangé avec Nathalie Cardoso, une des danseuses de Sentabou qui est infirmière et qui a travaillé en psy jour. Je me suis aussi renseignée auprès d’une psychologue pour connaître le protocole d’une thérapie de groupe. Avec Habib Bamou, qui nous a aidées à la mise en scène, nous avons regardé quelques épisodes d’En thérapie qui nous ont inspirés. Et puis j’ai personnellement commencé un travail thérapeutique l’année dernière qui, je pense, m’a aussi nourrie.

Il y a dans Qui est le malade ? un mélange de danse et de textes. Avez-vous écrit ces textes à partir de l’expérience de chacun de vos interprètes ?

J.R. : Complètement, il n’y a pas de mensonge ! Le seul rôle que jouent les danseurs, c’est le leur. Avec ce qu’ils veulent bien nous dire et la manière dont ils veulent que ce soit traité. Je les connais tous très bien. Après leur avoir demandé de quoi ils voulaient parler, je me suis posée et j’ai écrit au sujet de leurs blessures. J’ai voulu que leurs personnages s’expriment de manière drôle, burlesque.

Propos recueillis par Delphine Baffour