« Prouve-le » de Lucie Vérot, mise en scène Maïanne Barthès

« Prouve-le est le fruit d’une commande de la Comédie de Valence sur le thème des théories du complot. Lucie Vérot et moi-même avons veillé à ne pas donner dans le politiquement correct, à ne pas dire aux enfants (ndlr, Prouve-le est destiné à tous les publics, à partir de 9 ans) qu’il faut toujours faire confiance à l’autorité. Notre ligne de conduite a été de considérer les jeunes spectateurs comme des penseurs critiques qui, dans leur quête de vérité, peuvent parfois se laisser aller à la paranoïa. Le texte a été écrit suite à une résidence dans un collège. L’idée était que les deux adolescents de notre histoire adoptent une position rétrospective, dans une forme d’analyse sur le récit qu’ils nous racontent. À travers cette reconstitution, Célia et Théo déroulent l’enquête qui les a menés à soupçonner leur prof de SVT de participer à un complot visant à répandre un virus, en complicité avec l’État (ndlr, le spectacle a été créé en 2017).

Les coulisses du théâtre

La scénographie évoque un préau de collège. Je voulais un lieu unique dans lequel les deux personnages convoquent leurs souvenirs pour appuyer leur récit. Célia et Théo se mettent eux-mêmes en scène. On les voit préparer leurs accessoires pour servir au mieux leur reconstitution. Il y a des scènes de narration, lors desquelles ils s’adressent au public, et des scènes de flash-back, qui sont rejouées avec les moyens du bord : une couverture, un banc, quelques accessoires… Prouve-le donne à voir l’acteur qui joue à jouer. C’est une forme de distance brechtienne. J’aime montrer les coulisses du théâtre, comment le jeu survient. Et puis, il y a une volonté de donner à réfléchir sur ce qui nous gouverne, sur les logiques qui nous régissent. »

Propos recueillis par M. P. S.