Benoit Lambert « Inventer de nouveaux liens, de nouvelles solidarités. »

Comment est née l’idée de ces Rencontres théâtrales de Saint-Etienne et de la Loire ?

Benoît Lambert : Cette idée était inscrite, sans être clairement formulée, dans notre projet de candidature à la direction de la Comédie de Saint-Etienne. Il y a beaucoup de compagnies installées à Saint-Etienne, dans le département de la Loire, et au-delà, en région Auvergne-Rhône-Alpes. Il nous semblait important de trouver, dans la programmation de la Comédie, un moment qui permette à la fois de donner de la visibilité à ces compagnies et de faire en sorte qu’elles puissent se rencontrer. Car Courts-Circuits est un véritable moment de rencontre : entre les artistes, mais aussi entre les jeunes artistes et les publics.

Sophie Chesne : Courts-Circuits n’est pas uniquement dédié à l’émergence. Les compagnies qui ont vocation à participer à ce temps fort peuvent aussi être des artistes un peu plus expérimentés, mais qui n’ont pas encore acquis une dimension nationale.

Quelles sont les modalités d’organisation de Courts-Circuits ?

S.C. : Courts-Circuits va se dérouler au sein de divers lieux. Nous sommes en partenariat avec la Ville de Saint-Étienne dans le cadre de sa politique de soutien à l’émergence, ainsi qu’avec le Théâtre Le Verso. Nous avons également proposé aux structures qui composent le réseau professionnel Loire en scène de rendre visible, sur la même période, des compagnies ligériennes. Il y a donc six spectacles accueillis à la Comédie et au Verso, puis huit autres présentés au Théâtre du Parc, au Théâtre des Pénitents, au Chok Théâtre, à l’Espace culturel de la Buire, à l’Espace André Pinatel et à Sorbiers/Saint-Jean-Bonnefonds dans le cadre de la saison culturelle intercommunale.

B.L. : Courts-Circuits ne se limite pas à une ligne portée par la Comédie de Saint-Etienne, comme s’il s’agissait d’un festival. Ces Rencontres sont aussi traversées par le désir de s’ouvrir à d’autres structures, très différentes de la nôtre, en leur proposant de mettre en lumière des propositions qu’ils souhaitent défendre. C’est aussi ce mode d’organisation inclusif et horizontal qui fait l’originalité de Courts-Circuits.

« Les compagnies constituent la première force de propositions artistiques de notre pays. »

De quelle façon ce temps fort vient-il enrichir la vie de votre centre dramatique national ?

B.L. : Les compagnies constituent la première force de propositions artistiques de notre pays. Il est donc essentiel de trouver des formes d’alliance avec ces équipes. L’époque où les centres dramatiques pouvaient vivre uniquement sur leurs propres forces est révolue. Aujourd’hui, les alliances et les modalités de rencontres, les façons de travailler ensemble, d’être un lieu de ressources pour les équipes artistes indépendantes sont des enjeux centraux pour une structure de référence nationale. Et puis, il me semble que les différentes crises auxquelles nous faisons face donnent une dimension nouvelle à la question des liens entre institutions et compagnies. Nous aimerions que Courts-Circuits soit un moment d’échanges et de réflexions sincères sur la façon dont les compagnies et les centres dramatiques peuvent s’organiser pour faire face aux grands enjeux de notre époque. Nous savons tous que quelque chose doit changer, que quelque chose va changer. Il faut se donner des espaces pour réfléchir à ces changements ensemble.

S.C. : C’est la raison pour laquelle nous avons prévu, durant ces 15 jours, une table ronde, le 23 novembre en matinée, qui a pour but de donner l’occasion aux équipes artistiques, aux structures et aux partenaires publics, d’échanger, de dialoguer de façon solidaire sur la façon dont les parcours peuvent se construire et les liens se renforcer, au sein de notre région.

Comment avez-vous choisi les six spectacles que vous mettez en avant à la Comédie de Saint-Etienne et à La Comète ?

S.C. : Nous avons voulu donner de la visibilité à certaines équipes associées à la Comédie, notamment à la Compagnie Spell Mistake(s) de Maïanne Barthès et à la Compagnie La Seconde Tigre de Pauline Laidet, à qui nous avons demandé de piloter cette première édition avec chacune une proposition dédiée à l’adolescence. Nous avons été particulièrement attentifs, bien sûr, à la mise en avant des artistes femmes, en composant une programmation majoritairement féminine. Notre volonté était également de privilégier les œuvres susceptibles de parler fortement aux adolescents. Et puis, nous nous sommes posé la question de la pluridisciplinarité, de la place de la danse. Nous avons pensé Courts-Circuits comme un projet éclectique, un projet qui engendre un brassage de propositions et d’artistes très différents.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat