La Terrasse

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Focus -291-Chaillot - Théâtre national de la Danse

Pour un art chorégraphique de terrain, rencontre avec Rachid Ouramdane

Pour un art chorégraphique de terrain, rencontre avec Rachid Ouramdane - Critique sortie  Paris Chaillot - Théâtre national de la danse
Rachid Ouramdane © Géraldine_Aresteanu

Entretien

Publié le 8 août 2021 - N° 291

Nouvellement nommé directeur du Théâtre National de la Danse de Chaillot, Rachid Ouramdane imagine un lieu dont les lignes directrices sont ouverture et diversité. Il y présentera cette saison sa dernière création Corps Extrêmes.

Quelles sont les grandes lignes de votre projet pour Chaillot ?

Rachid Ouramdane : Je souhaite proposer à Chaillot un art chorégraphique de plateau et un art chorégraphique de terrain. C’est-à-dire m’appuyer sur l’héritage transmis par José Montalvo, Dominique Hervieu et Didier Deschamps en termes de diversité d’esthétiques sur les plateaux, mais aussi faire en sorte que la danse s’y déploie encore plus largement. Nous allons considérer comme un territoire d’expression artistique l’ensemble du bâtiment afin de proposer au public une expérience à chaque fois différente. J’aimerais aussi investir les environnements de plein air situés autour du lieu pour imaginer des formes in situ. Elles offrent l’opportunité de s’adresser à un public plus large. J’aspire également à ce que cette maison vive dans de plus grandes amplitudes horaires, que l’on puisse y rencontrer la danse au travers d’expositions, de performances, de promenades chorégraphiques ou de cycles de projections.

« Je souhaite revisiter l’identité forte d’un théâtre populaire qu’avait amenée Jean Vilar en y injectant la notion de diversité. »

Vous annoncez également de nombreux artistes associés et un développement des arts numériques.

R.O : Oui, je souhaite en effet faire de Chaillot une maison de création, où les artistes peuvent être là à demeure. Dorothée Munyaneza, Gisèle Vienne, François Chaignaud, Nacera Belaza, Aurélie Charon, Fanny de Chaillé, Faustin Linyekula, les circassiens du collectif XY et le chanteur Kery James seront artistes associés. Il est important pour moi d’être sur les arts du geste le plus largement possible et que les femmes soient très représentées. J’ai également l’intention de faire une grande place au lien unissant les champs chorégraphique et numérique. Si les complicités entre ces deux domaines sont anciennes, il y a eu dernièrement une augmentation de créations pour la toile, d’initiatives partagées en réseau, et cela permet de démocratiser un peu plus encore l’art chorégraphique. Je vais m’appuyer sur ces expériences en étant toujours exigeant sur la qualité des propositions et en veillant à ce que le numérique ne nous tienne pas à distance les uns des autres mais au contraire nous rassemble. Je souhaite finalement revisiter l’identité forte d’un théâtre populaire qu’avait amenée Jean Vilar en y injectant la notion de diversité. Diversité des publics, des esthétiques, des formats, des formes de rencontre avec l’art chorégraphique.

Vous présenterez aussi cette saison votre dernière création, Corps extrêmes.

R.O. : Oui, Corps Extrêmes traite de ce qui m’importe le plus, à savoir ce qu’il y a de primordial, de nécessaire, dans la production d’un geste. Ces dernières années, lorsque je dirigeais le CCN de Grenoble, j’étais entouré de gens qui s’adonnaient à des sports de montagne, parfois dits extrêmes. J’étais bluffé de les entendre parler de ce qui motivait leur pratique. Le « highliner » Nathan Paulin comme la championne d’escalade Nina Caprez ont une extrême attention à tout ce qui les entoure, trouvent un point d’équilibre entre nature et présence humaine. En parallèle de ces personnalités que je rencontrais, je travaillais avec le collectif d’acrobates XY. Eux ont un autre rapport à l’aérien, une autre attention surdéveloppée, cette fois aux personnes. Mais tous partagent une façon d’aller vers ce qu’ils ont de plus sensible, d’assumer leur fragilité pour produire des gestes hors du commun, qui en plus ont une dimension profondément chorégraphique. Cela m’a donné envie de réunir ces artistes et ces sportifs, de donner à entendre leurs témoignages. C’est ce que nous faisons dans Corps extrêmes.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

 

A propos de l'événement

Corps extrêmes
du jeudi 16 juin 2022 au vendredi 24 juin 2022
Chaillot - Théâtre national de la danse
1, place du Trocadéro, 75116 Paris.

Tél : 01 53 65 30 00.

www.theatre-chaillot.fr

 

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