Bernard Garo : Temps morts, un spectacle à vivre
Indiscipliné, international, inclassable, [...]
Pierre Baux et ses complices de la compagnie Irakli plongent dans les flots
impétueux de la parole « sensationniste » d’Alvaro de Campos.
« Alvaro De Campos est le plus extraverti des hétéronymes de Fernando Pessoa.
Dandy voyageur, il s’abandonne aux incartades d’une plume débridée, frénétique,
à l’affût de la moindre sensation. J’aime le lyrisme échevelé, la cadence folle,
parfois brisée, de cette langue qui mêle désespérance et vitalité rageuse, comme
si la mélancolie s’exprimait dans un débordement inouï de vie, dans un
affolement des sens. Ecrit en 1915-1916 puis 1923, Le Passage des heures
s’introduit dans les replis d’un cerveau en ébullition, chauffé à l’alcool par
une nuit solitaire d’insomnie. Ce poème fragmentaire, retrouvé bien après la
mort de Pessoa parmi les quelques 27 000 textes non publiés de son vivant, est
troué de béances, saisi de brutales envolées et de soudains ralentis. Pour
restituer en scène la chevauchée de cette « Ode sensationniste », tour à tour
tempétueuse ou douce, nous avons choisi la forme d’un oratorio, où se répondent
la voix de la comédienne Violaine Schwartz et la musique de Dominique Pifarély,
un des plus grands violonistes de jazz actuels. Nous jouons du contraste entre
l’immobilité physique et le corps traversé par la parole, à flots torrentiels. »
Propos recueillis par Gwénola David
Le Passage des heures (Ode sensationniste), d’Alvaro De Campos (Fernando
Pessoa), conception Pierre Baux, du 24 au 26 mai à 21h30. Cour de l’Hôtel
Chartraire de Montigny.
Indiscipliné, international, inclassable, [...]