Peter Eötvös et l’ensemble Ars Nova engagés pour la formation

Entre ses deux métiers, Peter Eötvös fait une distinction majeure. « Diriger, c’est toujours communiquer, dit-il. En revanche, cela n’a rien d’évident pour un compositeur ou une compositrice, qui ne sait pas toujours communiquer de façon personnelle, gestuelle avec les musiciens ». Partant de ce constat, il s’est très tôt investi, à travers la Fondation Peter Eötvös, dans la formation des jeunes musiciens, compositeurs comme chefs d’orchestre, pour les aider à relever le plus aisément possible les défis d’une scène musicale où tout va aujourd’hui très vite. « La nouvelle génération de compositeurs peut désormais se faire entendre, relève Peter Eötvös, de même que l’on accepte aujourd’hui – enfin ! – qu’une femme soit cheffe d’orchestre. Les changements se sont accélérés ces dernières années et c’est très bien. Cependant, la conséquence est que ces jeunes professionnels doivent être prêts plus rapidement pour répondre aux exigences ». Pour le musicien hongrois, ce qui peut distinguer la jeune génération, c’est une capacité à « aborder les œuvres du répertoire comme des créations », comme le prônaient et le faisaient Mahler ou Boulez, c’est « refuser de se conformer à une tradition pour se concentrer sur ce que le compositeur a souhaité transmettre ». C’est ce travail de révélation des idées musicales, d’interprétation véritable, que souhaite proposer, avec la médiation des musiciens d’Ars Nova, la Fondation Peter Eötvös. Voulu par Benoît Sitzia, ce partenariat s’inscrit dans une démarche de créer « des dynamiques vertueuses et durables, à l’échelle européenne » pour les jeunes compositrices et compositeurs.

Jean-Guillaume Lebrun