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Focus -276-PALAZZETTO BRU ZANE / PARIS

Palazzetto Bru Zane ou Offenbach sous tous les angles

Palazzetto Bru Zane ou Offenbach sous tous les angles - Critique sortie Classique / Opéra Paris
Alexandre Dratwicki © Palazzetto Bru Zane

Entretien > Alexandre Dratwicki

Publié le 20 avril 2019 - N° 276

Avec l’équipe du Palazzetto Bru Zane, son directeur scientifique Alexandre Dratwicki prépare le bicentenaire de la naissance de Jacques Offenbach depuis trois ans. Un anniversaire aussi exhaustif que festif.

Quel est le fil rouge de cet anniversaire ?

Alexandre Dratwicki : L’idée est d’approcher Offenbach par tous les angles possibles. La mission première du Palazzetto Bru Zane étant de ressusciter la musique oubliée, l’anniversaire a commencé dès septembre 2018, s’est poursuivi en janvier 2019 avec une pièce de jeunesse, Les Deux Aveugles, au Théâtre Marigny, et s’achève en juin avec deux grandes œuvres de la fin de sa vie : Maître Péronilla et Madame Favart. Nous nous intéressons ensuite aux œuvres plus connues mais données dans des conditions esthétiques ou stylistiques inédites. Nous venons ainsi d’enregistrer La Périchole avec Marc Minkowski sur des instruments d’époque, ce qui est une première. Le troisième angle est de rappeler qu’Offenbach n’est pas qu’un compositeur d’opérette. On oublie qu’il était d’abord un grand violoncelliste, et que c’est comme virtuose qu’il s’est fait connaître à son arrivée à Paris. Nous proposons donc aux Bouffes du Nord plusieurs de ses Duos pour violoncelles. Enfin, nous avons voulu élargir cet anniversaire en proposant des musiques légères de ses contemporains : après le diptyque Les Deux Aveugles et Le Compositeur toqué d’Hervé en janvier, nous donnons en juin, juste avant Madame Favart à l’Opéra-Comique, Mamz’elle Nitouche d’Hervé au Théâtre Marigny. Il s’agit de deux grandes œuvres de la maturité, toutes deux en trois actes et mises en scène.

« Il reste à découvrir plus de 3/4 du catalogue d’Offenbach ! »

Offenbach est crédité d’une centaine d’œuvres lyriques parmi quelque 600 ouvrages. Toutes méritent-elle d’être redécouvertes ?

A. D. : Il reste à redécouvrir plus de 3/4 du catalogue d’Offenbach qui est célèbre pour seulement 5 œuvres ! Prenez Fantasio: la partition était connue des spécialistes depuis toujours mais depuis qu’elle a été reprise, on crie au génie. Or, il existe dans le répertoire d’Offenbach une quantité de raretés incroyables comme Les Géorgiennes ou les Femmes au pouvoir, un opus en 3 actes de 1864 qui résonnerait beaucoup aujourd’hui. Dans le théâtre léger, toutes les œuvres n’ont pas la même valeur intrinsèque mais ce qui leur en donne, c’est la manière dont elles sont interprétées par les artistes. Mal montée, une Grande Duchesse de Gerolstein ne serait pas intéressante.

En préparant cet anniversaire, qu’avez-vous découvert sur Offenbach ?

A. D. : Nous avons découvert qu’avec lui, la quantité n’est pas répétitive, 100 titres, ce sont 100 partitions différentes à lire dont la suivante ne ressemble jamais à celle qu’on vient de refermer. Offenbach est aussi un coloriste de génie. Ses orchestres étaient souvent plus petits que ceux de Bizet ou de Gounod à la même époque mais il arrive à écrire pour le hautbois, la clarinette ou la flûte avec une telle ingéniosité que cela sonne comme s’il disposait de tous les instruments !

 

Entretien réalisé par Isabelle Stibbe

A propos de l'événement

Festival Palazzetto Bru Zane. 7e édition
du samedi 1 juin 2019 au dimanche 30 juin 2019

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