Giordano Bruno
Francesco Filidei est l’un des compositeurs [...]
Focus -236-région / théâtre de caen
Après 25 ans de présence au Théâtre de Caen, William Christie signe son départ en créant avec le jeune metteur en scène Clément Hervieu-Léger Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet de Molière et Lully.
Quelle est votre vision de cet ouvrage ?
Clément Hervieu-Léger : Monter une comédie-ballet, c’est s’intéresser à un genre théâtral inventé par Molière lui-même et qui ne lui survivra pas, un genre qui se révèle être une véritable utopie : réussir un spectacle total qui mêlerait à la fois le théâtre, la musique et la danse mais qui verrait, in fine, l’art dramatique primer. La singularité de Monsieur de Pourceaugnac réside dans l’extrême imbrication entre la musique et le théâtre. La musique fait intrinsèquement partie de la dramaturgie de la pièce. Plus que dans toute autre oeuvre, Molière et Lully réussissent cette incroyable gageure : faire de la musique du théâtre. Cette interrogation formelle ne doit cependant pas nous faire oublier le propos même de la pièce, sans doute l’une des pièces les plus sombres et les plus cruelles que Molière ait écrite. Il y porte un regard désabusé sur la nature humaine. Qui est l’autre ? De qui est-on l’étranger ? Qu’est-ce que la folie ?
Après La Didone, vous retrouvez pour ce projet les Arts Florissants et William Christie.
C. H.-L. : La rencontre avec William Christie a été particulièrement heureuse. Nous nous sommes d’emblée parfaitement entendus. Notre collaboration artistique s’est peu à peu transformée en une véritable amitié. Je mesure évidemment ma chance d’avoir mis en scène mon premier opéra aux côtés d’une figure aussi marquante du paysage musical.
Vous avez découvert le monde de la mise en scène dans les pas de Patrice Chéreau en tant qu’assistant…
C. H.-L. : Dire en quelques phrases ce que je lui dois serait évidemment impossible. Je peux dire cependant à quel point il m’a appris à chercher toutes les réponses dans l’œuvre elle-même. Il y avait chez Patrice Chéreau une véritable soumission au texte, une volonté sans faille de « raconter d’abord l’histoire ».
Vous vous partagez désormais entre théâtre et opéra.
C. H.-L. : Je ne souhaite pas choisir entre l’un et l’autre. Je cherche le théâtre à l’opéra. L’opéra m’inspire pour le théâtre. Monsieur de Pourceaugnac mêle les deux.
Propos recueillis par Jean Lukas
à 20 h (sauf le 20 à 17 h).
Tél. 02 32 30 48 00.
Francesco Filidei est l’un des compositeurs [...]