La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -178-enghien

MIE COQUEMPOT

MIE COQUEMPOT - Critique sortie Danse
Mié Coquempot expérimente la « danse de cheveux » dans ses vidéochorégraphies.

Publié le 10 mai 2010

« HYPEREXPRIMER » L’INTERPRETATION

ACTUELLEMENT EN RESIDENCE AU CENTRE DES ARTS, MIE COQUEMPOT EXPERIMENTE DES DISPOSITIFS EN DEHORS DES SENTIERS BATTUS : UNE REINVENTION DES MEDIUMS, MAIS AUSSI DES MODES DE PRODUCTION EN DANSE.

« Les espaces et temps des mouvements déterminent les notes, les sons. » Mié Coquempot
 
 
Vous êtes surtout identifiée comme une chorégraphe expérimentant de nouvelles relations entre musique et danse. Comment en êtes-vous venue à travailler avec les technologies numériques ?
Mié Coquempot : C’est la musique qui m’a amenée aux nouvelles technologies. En 2004, avec le compositeur Suguru Goto, j’ai fait un premier essai de chorégraphie avec des capteurs sur le corps : mes mouvements déclenchaient des sons, qui venaient se greffer sur une trame musicale ; j’étais une « danseuse sonore ». L’année suivante, j’ai lancé le projet Agony ; le son, le mouvement et la vidéo interagissaient autour du thème de l’homme machine. Je poursuis cette exploration avec le designer d’interaction Cyrille Henry, pour créer A-muse, qui sera présenté lors de Bains Numériques. Pour composer la pièce, j’ai conçu l’espace de danse en une sorte de clavier virtuel en trois dimensions. Les espaces et temps des mouvements déterminent les notes, les sons. Les capteurs ne sont plus le « déclencheur » du son, mais la qualité de mouvement influence la qualité du son : son volume, son timbre, les fréquences impliquées, l’ajout d’harmonies… Il s’agit d’« hyperexprimer » l’interprétation : révéler toutes les nuances, tout le jeu que l’interprète met en œuvre vis-à-vis d’une partition.
 
Vous présentez également une installation fondée sur des danses d’enfants.
M. C. : Suite à mes ateliers avec les enfants des écoles d’Enghien, j’ai souhaité monter avec eux une nouvelle version de mon projet Skindance. Chaque enfant était invité à improviser une danse sur la peau : il choisissait une musique et inventait sa danse, qui était filmée. Dans l’installation, chaque danse est projetée avec une autre musique. On découvre alors que l’œil du spectateur fait en sorte que la musique et la danse concordent, indépendamment du tempo ou de l’ambiance de la bande son originelle…
 
On pourra également découvrir vos « vidéochorégraphies ». Que faut-il entendre par là ?
M. C. : Pour Hairdance, j’ai invité des artistes à venir exécuter chez moi, devant une webcam, une « danse de cheveux ». Ensuite, je vidéochorégraphie, c’est-à-dire que je découpe et je « monte » leur improvisation. Le projet est fondé sur le don : Ils ne sont pas payés, et je ne perçois pas de droits d’auteurs… Ce travail s’inscrit dans le projet Agiculture de ma compagnie : proposer différents supports et formats pour propager, démocratiser la création chorégraphique. Pour que la danse continue d’exister dans des contextes fragiles – comme celui que la culture connaît aujourd’hui.

Propos recueillis par Marie Chavanieux


A-muse : le 12 juin à 17h, 18h, 19h et le 13 juin à 16h, 17h, 18h, salle noire du Centre des Arts. Skinkid’s dance : du 12 au 19 juin à la médiathèque (film de 40 minutes projeté en boucle). Hairdance : du 12 au 19 juin dans le hall du Centre des Arts (film de 60 minutes projeté en boucle).

A propos de l'événement



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