Quand le théâtre cultive le goût de la découverte, rencontre avec Robert Bouvier
Artiste international et attaché à son [...]
Focus -293-Le Théâtre du Passage à Neuchâtel : hors des sentiers battus
Spectacle tout feu tout flamme qui traverse les genres et les registres, Les merveilles rend hommage à toutes celles et ceux qui font le théâtre et réaffirme les pouvoirs magiques du plateau.
Nous sommes une seconde avant le début d’une représentation de Ruy Blas. Une seconde qui va se dilater en un spectacle d’1h20, s’ouvrir en de multiples directions qui rappellent combien le théâtre est une affaire d’équipe et combien chaque spectacle charrie son lot de souvenirs, de réflexions et d’émotions en tous genres. Débute alors une plongée dans l’espace mental du comédien principal de ce drame de Victor Hugo, drame qui ne démarrera jamais vraiment, ou plutôt fictionnellement lorsque Les merveilles s’achèvera. Intensément activé par l’imminence du spectacle, on y croise le trac, bien sûr, cette manière de se tenir au bord du vide de la représentation qui fait les délices et les cauchemars des artistes de théâtre. Mais aussi tout ce que l’esprit du comédien peut s’imaginer des pensées de celles et ceux qui ont créé la pièce. Du machiniste espagnol qui avec Ruy Blas songe à son pays à sa partenaire de jeu plongée dans les affres de son couple, le spectacle fait se télescoper des tranches de vie imaginaires et disparates qu’allume l’effervescence du moment.
Un voyage de l’autre côté du miroir
Hommage aux artistes et techniciens qui font le théâtre, Les merveilles explore la vie, les vies que peut remuer un spectacle qui va prendre corps sur scène. Au plateau, grâce à la scénographie mobile de Gilbert Maire, les coulisses prennent de plus en plus de place au détriment du décor original conçu pour le texte hugolien. Conjuguant envolées musicales soufflées par la fanfare des Grigous, théâtre d’objets, vers hugoliens et monologues d’une facture bien plus contemporaine, Les merveilles emporte dans un voyage à travers la diversité des formes spectaculaires que peut engendrer le plateau, avec neuf comédiens pour autant de personnages. De morceaux de punk suisse alémanique en chansons de variété italienne, les spectateurs sont conduits dans des voyages intérieurs de l’autre côté de la scène, dans les entrailles du théâtre, à travers le corps, l’esprit et le cœur de celles et ceux qui le fabriquent. Une rêverie joyeuse conçue et mise en scène par Robert Bouvier.
Eric Demey
à 20h. Durée : 1h20.
Tel : 0041 32 717 79 07.
Artiste international et attaché à son [...]