Rencontre avec Omar Porras : quand l’imaginaire transgresse les règles du réel
A la tête du TKM - Théâtre Kléber-Méleau - [...]
Focus -279-TKM ~Théâtre Kléber Méleau
Cédric Dorier met en scène la fabuleuse chronique de la mort annoncée de Béranger 1er en interrogeant notre capacité toujours actuelle de danser sur un volcan en refusant de voir le pire à venir.
Pourquoi avoir choisi cette pièce ?
Cédric Dorier : D’abord parce qu’elle raconte une histoire intime qui a des résonnances actuelles. Dans nos sociétés, la mort est encore taboue : comme Béranger, nous avons du mal à appréhender ce passage. Ionesco montre toutes les étapes émotionnelles que traverse le roi : l’étonnement, la révolte, le refus, l’évitement, le désespoir, la régression vers l’enfance, l’envie d’entraîner les autres avec lui. Ionesco réussit à nous mettre face à ces étapes avec justesse, émotion et drôlerie. Le roi ne meurt pas sous nos yeux mais disparaît. Peut-être passe-t-il dans une autre dimension… J’ai eu envie d’exploiter cette ultime pirouette. L’autre raison de mon choix est liée au si particulier régime d’écriture de cette pièce, avec ses répliques ciselées et toniques. Il y a une vision prophétique dans cette pièce : elle dit la mort intime du roi mais aussi la disparition de notre planète. Dans cette mise en abyme, se trouve aussi la question de la représentation et de sa fin. L’éphémère de la représentation fait écho à celle de nos vies : la pièce devient alors existentielle et philosophique. J’ai envie d’évoquer cette angoisse que chacun ressent : là est vraiment l’actualité de cette radiographie émouvante et émotive d’une agonie qui nous renvoie aussi à notre propre désinvolture quant à la disparition de ce qui nous entoure.
Qui est votre Béranger ?
C.D. : Un comédien franco-québécois, Denis Lavalou, avec lequel j’ai déjà travaillé. Il a une soixantaine d’années, mais une allure très juvénile : il campe un Béranger actif et tonique qui s’accroche à la vie. Au début, il est un résistant, dans le refus, puis il traverse les étapes qui le conduisent jusqu’à la fin, quand ne reste plus que Marguerite, sorte de Parque coupant le fil. Le décor est comme un personnage, un espace ludique qui stimule le jeu et permet la pluralité des lieux et du sens. Denis Lavalou est entouré par une distribution très jeune, aux silhouettes très contrastées, pour marquer le côté clownesque de cette étrange cérémonie.
Propos recueillis par Catherine Robert
Tél : +41 21 625 84 29.
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