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Le Chœur Vittoria en répétition

Le Chœur Vittoria en répétition - Critique sortie Classique / Opéra
Crédits photos : Nicolas Havette

Publié le 10 septembre 2008

Reportage avec les choristes en séance de travail sous la houlette de Michel Piquemal.

A l’heure où les étudiants du Conservatoire de Paris rentrent chez eux, un autre public pénètre dans les locaux historiques de la Rue de Madrid. Direction : la salle 107, où se déroule la répétition du Chœur Vittoria. Ce soir-là, ils sont une quarantaine à répéter le De profundis de Joseph-Guy Ropartz. Dans les rangs se mêlent cadres en costume cravate, sportifs en jogging ou encore jeunes retraitées bien mises. Tous ont les yeux rivés sur leur chef. « Mes enfants, écoutez l’harmonie, les couleurs doivent être transparentes », lance Michel Piquemal à ses troupes avant de les faire répéter une modulation qui doit être « magique ». Il est peu de dire que le chef fait preuve de dynamisme : il saute sur sa chaise, se rapproche de certains choristes pour leur communiquer sa fougue. On est à l’opposé de l’image d’austérité associée parfois à la pratique chorale. « Il va toujours chercher le sensible dans les interprétations », affirme Antoine, 27 ans, tandis que Claude, la doyenne du chœur, âgée de 73 ans, remarque que « depuis une dizaine d’années, le chœur a considérablement progressé ». Tous saluent la dimension humaine de Vittoria. « Les différences sociales, générationnelles disparaissent. Tout le monde laisse ses fardeaux à la porte », poursuit Claude. « C’est l’occasion de travailler un peu comme des professionnels, avec une vraie exigence, nous dit Michel, enseignant. En un ans, on aborde autant d’œuvres que les autres chœurs amateurs en trois ans ».
 
Contraste avec la vie professionnelle
 
Les choristes ont aussi la chance de travailler avec des chefs de premier plan (récemment Yutaka Sado), de chanter dans les plus belles salles parisiennes et de partir régulièrement en tournée. Reste que, pour certains, le contraste entre leur vie professionnelle et leur activité chorale est parfois difficile à équilibrer. « C’est de l’acrobatie ! », résume Antoine, qui travaille dans le milieu de la finance. Cependant, pour rien au monde ces choristes ne manqueraient les répétitions du mardi et du jeudi. Pour chanter, mais aussi pour sourire aux bons mots de Michel Piquemal, qui, même dans une œuvre aussi sombre que le psaume de Ropartz, trouve matière à détendre l’auditoire. Pour obtenir la sonorité qu’il recherche, il explique ainsi aux sopranos qu’elles doivent chanter « comme quand on boit une grenadine à la paille ». Pas encore satisfait du résultat, il précise alors : « Vous aspirez bien, mais vous ne devez pas recrachez comme des enfants ». On a alors l’impression que même le visage de Rostropovitch, accroché sur l’un des murs de la salle, s’est mis à sourire.
 
A. Pecqueur


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