La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -255-JUNE EVENTS 2017

L’Art de la fugue

L’Art de la fugue - Critique sortie Danse Paris Atelier de Paris – Carolyn Carlson
Crédit : Patrick Berger Légende : 1080 – art de la fugue de Mié Coquempot.

Chor. Mié Coquempot

Entretien Mié Coquempot

Publié le 18 mai 2017 - N° 255

En attaquant L’Art de la fugue, de Bach, avec dix interprètes d’une justesse pétillante, Mié Coquempot signe un opus chorégraphique d’une vivacité épatante.

Pourquoi ce titre ?

Mié Coquempot : L’Art de la fugue est pour moi un nom évocateur. C’est une forme musicale rigoureuse et une échappée. La pièce donne à entendre l’intégralité de la fugue BMW 1080, œuvre ultime de Jean-Sébastien Bach. Pour moi, elle est d’une formidable ambition. Mais c’est un monument architectural sublime qui n’aurait pas de toit, puisqu’elle est inachevée. On peut penser que Jean-Sébastien Bach a voulu la laisser ouverte à tous les possibles. Je pense qu’en léguant cette partition pour laquelle aucun instrument n’est spécifié, il y a comme une dimension philanthropique.

Comment s’est axée votre recherche ?

M. C. : Sur les modes de penser du XVIIIe siècle, très rattachés à l’Eglise, très binaires dans leur façon de concevoir la vie. Pour moi, c’est un écho à l’actualité. J’ai voulu l’entendre comme un appel à une utopie possible, entre une accélération obligée due à la croissance et une décélération souhaitée pour la qualité de vie et pour l’environnement. Il faut dire que le compositeur fut aussi le témoin des grands bouleversements intellectuels, artistiques, sociaux qui marquèrent l’entrée dans la modernité occidentale à l’aube des Lumières.

« Une partie de cette œuvre m’échappe encore et j’en suis heureuse. »

Quel en est le propos ?

M. C. : J’avais envie de révéler la rigueur de la structure, tout en exprimant sa poésie et quelque chose de sensible et vivant. Ce que Bach a prévu dans sa musique. Elle opère une jonction entre l’ordre et le chaos humain, et porte nos questions sur la mort, sur l’amour, sur la solidarité et la fraternité. Une partie de cette œuvre m’échappe encore et j’en suis heureuse.

Votre costumier, La Bourrette, est présent sur le plateau… Pourquoi ?

M. C. : Il travaille beaucoup sur le corps et sur le personnage qu’il habille, et du coup, il est resté au plateau. Ça déséquilibre l’ensemble, et il électrise la scène. Il a réussi à tramer des éléments d’époque XVIIIe et notre contemporanéité, avec une excentricité qui existait alors mais qu’il a déplacée dans le monde rock ou underground d’aujourd’hui. Je suis toujours étonnée d’ailleurs que Bach ait produit une œuvre aussi rigoureuse dans une période aussi baroque…
Propos recueillis par Agnès Izrine

A propos de l'événement

L’Art de la fugue
du jeudi 1 juin 2017 au vendredi 2 juin 2017
Atelier de Paris – Carolyn Carlson
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

à 21h00.

 

June Events.

Du 1er au 17 juin 2017

dans divers lieux à Paris. Atelier de Paris-Carolyn Carlson, Cartoucherie.

Tél. : 01 417 417 07.

Mail : reservation@atelierdeparis.org

Site : www.junevents.fr

 

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