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"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -289-Spedidam : tour d’horizon au cœur d’une année mouvementée

L’action artistique de la Spedidam

L’action artistique de la Spedidam - Critique sortie

Entretien François Lubrano

Publié le 18 décembre 2020 - N° 289

Directeur de la Division culturelle de la Spedidam, François Lubrano est directement concerné par l’arrêt délivré le 9 septembre par la Cour de justice de l’Union européenne qui risque de conduire à une baisse de 33 % des ressources annuelles de l’action artistique de la Spedidam. Une très mauvaise nouvelle pour l’ensemble du secteur des arts vivants qui bénéficie de son aide.

Quelles sont les missions de la Division culturelle de la Spedidam ?

François Lubrano : Les ressources de l’action artistique de la Spedidam sont destinées aux aides à la création, à la diffusion du spectacle vivant, à l’éducation artistique et culturelle et à la formation d’artiste. Notre service de l’action artistique instruit et suit plus de 3400 demandes chaque année. La spedidam soutient plus de 2700 structures, notre priorité étant toujours donnée à l’emploi d’artistes-interprètes. La Spedidam a développé son soutien à de nouveaux secteurs comme le spectacle dramatique, chorégraphique, de cirque et de marionnettes. Elle a aussi suscité la création de nouveaux festivals sur l’ensemble du territoire : quinze festivals au total ont été mis en place par plusieurs municipalités en collaboration avec la Spedidam.

« Notre service de l’action artistique instruit et suit plus de 3400 demandes chaque année. La Spedidam soutient plus de 2700 structures. »

L’action de la Division culturelle de la Spedidam va être freinée par l’arrêt délivré le 9 septembre par la Cour de justice de l’Union européenne…

François Lubrano : L’action de la SPEDIDAM en elle-même ne sera pas freinée, mais les moyens financiers dont elle disposait auparavant connaîtront désormais une baisse sensible. Cette nouvelle nous a affectés, mais la Spedidam a réagi immédiatement en proposant au gouvernement un mécanisme de substitution. Il s’agit d’instaurer dans la loi le principe d’une « garantie de rémunération » en faveur des artistes-interprètes, perçue par leurs organismes de gestion collective d’artistes auprès des plateformes de streaming et de téléchargement comme YouTube, Deezer, Spotify, Netflix, Amazon, iTunes, etc…  30 % de ces perceptions pourraient être affectées aux aides à la création, à la diffusion du spectacle vivant, à l’éducation artistique et culturelle et à la formation d’artistes.

« La Spedidam a développé son soutien à de nouveaux secteurs comme le spectacle dramatique, chorégraphique, de cirque et de marionnettes. »

Dans quelles proportions l’action de la Division culturelle de la Spedidam va être réduite ? 

François Lubrano : Cet arrêt va se traduire pour la Spedidam par une baisse de 33 % des ressources annuelles de l’action artistique, soit, en moyenne, une perte de 10 millions d’euros par an, sans parler des risques de rétroactivité ! Ceci fragilisera malheureusement une fois de plus les artistes et un secteur d’activité déjà fortement affaibli par la crise sanitaire de la Covid-19, mais aussi par la précarisation de l’emploi qui sévit depuis plusieurs années.

Un autre volet de votre action est le dispositif « Génération Spedidam ». Quel est son principe ? Ce dispositif est-il menacé ?

François Lubrano : Le projet « Génération Spedidam », créé en 2014, permet à des artistes-interprètes professionnels de démarrer ou de développer leur carrière d’artiste dans les meilleures conditions. Ces artistes ont pu se produire devant un large public et bénéficier d’un programme de résidence, dans tous les genres musicaux.  Notre but est de mettre en valeur des artistes de toutes générations qui ont en commun un incontestable talent de niveau international, un goût de la recherche et un sens affirmé de la relation entre l’artiste et le public. Les artistes sont accompagnés durant trois années. Ce dispositif ne sera pas menacé, puisqu’il fait partie des grandes orientations prises par la Spedidam en faveur des artistes-interprètes.

Comment voyez-vous la suite des choses ?

François Lubrano : Nous restons positifs. Il arrive parfois que certaines décisions de justice soient un mal pour un bien. La Spedidam demande au législateur d’agir en urgence pour corriger la situation causée par l’arrêt de la CJUE en instaurant dans la loi la reconnaissance de la « garantie d’une rémunération » évoquée précédemment.

 

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

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