La Traversée

« Je suis métisse, afrodescendante, afropéenne. L’hybridité est inscrite dans mon imaginaire. Je me situe autant comme artiste-écrivain de la scène que comme metteure en scène. Mes spectacles sont des rituels. Ils peuvent, sans hiérarchie, convoquer la musique, le chant, la cuisine, la coiffure, la danse, l’image, la lumière, la littérature… Même de loin, les arts dramatiques africains m’influencent. Ce qui caractérise également mon travail, c’est qu’il ne peut être dissocié de ma démarche militante, d’une réflexion portée sur le monde dont je suis. Depuis plusieurs années, je m’attelle ainsi à mettre en partage, avec un public de toutes origines, les problématiques historiques, sociales, des peuples issus de la traite négrière et de la colonisation africaine.

Mieux connaître notre histoire coloniale

C’est le voyage que je propose aux publics de La Criée. Car montrer des êtres humains aux prises avec des questionnements intimes liés à l’histoire de l’esclavage permet aux spectateurs de prendre conscience qu’ils font, eux aussi, partie de cette histoire. La fonction de l’artiste transculturel est, entre autres, d’être une passerelle entre plusieurs mondes. C’est ce que propose La Traversée : se réunir et raconter 400 ans d’histoire à travers les textes des quatre romancières noires originaires de la Caraïbe. Certains événements récents révèlent la nécessité pour les Français de mieux connaître leur passé colonial. Certaines imageries doivent être déconstruites, pour faire évoluer positivement, dans la co-construction, l’ensemble de la société. Sans déni ni culpabilité. »

Propos recueillis par M. P. S.