La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -235-La Criée ~ Théâtre national de Marseille / saison 2015~2016

L’énigme du cœur humain

L’énigme du cœur humain - Critique sortie Théâtre Marseille La Criée - Théâtre National de Marseille
Crédit : J.B. Millot Légende : Macha Makeïeff

Entretien / Macha Makeïeff

Publié le 30 août 2015 - N° 235

Macha Makeïeff réaffirme l’esprit de réflexion et d’aventure qu’elle impulse, depuis quatre ans, à La Criée. Elle imagine une saison 2015/2016 qui nous engage à poser un regard positif sur les mystères de l’autre. 

Vous avez célébré, avant l’été, la réouverture de La Criée après une période de travaux. Quelles perspectives cette maison rénovée vous inspire-t-elle ?

Macha Makeïeff : Elle est le signe d’un élan. Le projet était de transformer la maison, bien sûr à travers sa mise aux normes, mais aussi en repensant le hall comme un nouveau lieu artistique, qui soit à la fois un manifeste et une invite. Une invite en accueillant des propositions artistiques qu’on ne présentait pas dans la grande ou la petite salle. Et un manifeste, car il s’agit d’une porte ouverte qui s’offre aux passants, à tous ceux que La Criée pourrait encore intimider. Ce hall a vraiment été conçu comme le symbole d’un théâtre ouvert, généreux, avec une part de gratuité, un théâtre dans lequel on peut entrer, à partir de midi, pour voir des expositions, des concerts, des performances, des « invasions », pour assister à des rencontres…

Cette saison 2015/2016 s’intitule Regarder plus loin. Vers quoi votre regard souhaite-t-il porter ?

M.M. : Regarder plus loin, c’est avant toute chose associer le théâtre au regard poétique plutôt qu’à la contingence, plutôt qu’au jugement rapide. Vis-à-vis des vents mauvais, des tentations de sectarisme et d’enfermement que l’on sent ici ou là, affirmer le théâtre comme un lieu d’imaginaire, un lieu de regard positif sur le mystère de l’autre, est pour moi quelque chose de primordial.

« Regarder plus loin, c’est associer le théâtre au regard poétique plutôt qu’à la contingence, qu’au jugement rapide. »

Trois pistes thématiques – la féminité, l’animal, la figure du voyou – traversent cette saison. Qu’avez-vous cherché à explorer à travers ces trois questions ?

M. M. : L’énigme du cœur humain, la question de l’identité et du destin. Qu’est-ce que c’est que naître animal, naître femme, nourrir sa vie de transgression ? Poser ces grandes questions, c’est aussi faire en sorte qu’une programmation ne soit pas seulement une succession de spectacles considérés comme des coups. Je pense qu’un théâtre doit être traversé par des choses qui, en se répondant, nous changent, nous amènent à penser.

Vous mettez en scène Les Femmes Savantes. Quel a été le point de départ de votre projet de spectacle ?

M. M. : Je suis davantage habituée à la célébration du mutique, des gens sans discours que des grands textes classiques ! Mais j’ai eu envie de me plonger dans les questions sur la féminité et la misogynie que pose Les Femmes Savantes. Je me suis amusée à faire un parallèle avec la fin des années 1960 et le début des années 1970. Bien sûr, cette pièce est une grande comédie, mais aussi une pièce extrêmement profonde. Car ce n’est pas parce que les personnages de femmes imaginés par Molière se perdent dans leur effort d’émancipation que cet effort n’est pas louable. L’émancipation féminine est quelque chose de difficile qui aboutit souvent à des impasses et provoque souvent le désarroi masculin.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

Trissotin ou Les Femmes Savantes
du mercredi 16 décembre 2015 au dimanche 17 janvier 2016
La Criée - Théâtre National de Marseille
30 Quai de Rive Neuve, 13007 Marseille, France

Tél. 04 91 54 70 54. www.theatre-lacriee.com

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