La Tortue de Gauguin de Luc Amoros, composition musicale Alexis Thépot

Peinture, musique et vidéo se mêlent dans l’œuvre créée au fur et à mesure du spectacle. « Dans une ténébreuse et profonde unité, / Vaste comme la nuit et comme la clarté, / Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. » disait Baudelaire pour définir les « correspondances » qu’illustrent les artistes réunis par Luc Amoros autour du « désir de proposer au public une vision singulière de l’art ». Ce spectacle original et envoûtant doit son titre à une anecdote que rapporte son concepteur : aux Marquises, Gauguin peignit sur la carapace d’une tortue vivante « Je me plais à penser que grâce à la longévité dont jouit cette espèce, une œuvre (…) continue, aujourd’hui encore, de sillonner les grands fonds dans son petit musée ambulant. »

Partition chromatique pour une extase partagée

Au milieu de la place Vauban, au cœur du tumulte de la ville, s’installe donc un immense chevalet. La musique jouée en direct, la voix de la récitante, les mots et les gestes des peintres font naître des tableaux vivants en perpétuel mouvement où tous les fragments composent une œuvre qui est à la fois exposition, récital et recueil poétique. Cordel brésilien, regards des gisants du Fayoum, motifs médiévaux, autoportraits, réminiscences de l’enfance : les références batifolent de variations en échos pour offrir ensemble un portrait de notre commune humanité où se reconnaît le spectateur à l’occasion de cette expérience hors du commun.

Catherine Robert