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Focus -197-LA PÉNICHE OPÉRA

LA PÉNICHE OPÉRA VUE PAR LES ARTISTES

LA PÉNICHE OPÉRA
VUE PAR LES ARTISTES - Critique sortie Classique / Opéra
Edwige Bourdy, égérie de la Péniche Opéra, créatrice des Shadoks de Denis Chouillet en 2009, aux côtés du pianiste Christophe Maynard.

Publié le 10 avril 2012

DEPUIS TRENTE ANS, LA PENICHE OPERA EST UN FORMIDABLE LIEU DE DECOUVERTE : CELLE DES ŒUVRES ET CELLE DES INTERPRETES. C’EST AUSSI UN ESPACE OU L’ON RETROUVE, ANNEE APRES ANNEE, LE VISAGE FAMILIER DE CES ARTISTES QUI FONT LA PENICHE.

« On s’y implique avec son imaginaire et son désir. » P. A. Dubois
Aucun artiste n’a oublié la première fois où il s’est produit à bord de la Péniche Opéra : d’abord parce que le charme, la magie du lieu opèrent forcément, ensuite parce que c’est bien souvent le prélude à une longue complicité. Le baryton Vincent Bouchot garde ainsi le souvenir de ce premier contact avec l’équipe de la Péniche Opéra, en 1995-96 ; c’était hors les murs (à l’Opéra Comique et à l’amphithéâtre Bastille ainsi que pour une tournée au long cours), avec l’Ensemble Clément Janequin, pour les Comédies madrigalesques, l’un des spectacles emblématiques mis en scène par Mireille Larroche. Quelques mois plus tard, le chanteur découvrait la scène amarrée canal Saint-Martin avec les « opéras louffes ». Il y rencontrait les chanteurs Yves Coudray et Lionel Peintre, alors piliers de la Péniche et membres de son conseil artistique : « L’histoire de la Péniche est celle de ces chanteurs qui cherchent beaucoup de répertoires, explique Vincent Bouchot. Yves Coudray était très branché opérette et opéra comique, et il a apporté ce répertoire à Mireille Larroche. À la même époque, Béatrice Cramoix faisait la même chose avec le répertoire contemporain ». Rapidement d’ailleurs, c’est en tant que compositeur – parallèlement à son activité de chanteur – que Vincent Bouchot poursuit son travail avec la Péniche Opéra, du mémorable « cabaret contemporain » de 1998 aux Cantates de bistrot en 2005 et 2012 en passant par Ubu (2005, à l’Opéra Comique).

« De formidables équipes »
La soprano Edwige Bourdy, fidèle de la Péniche depuis plus de vingt ans, reconnaît la chance qui lui a été offerte de parcourir tant de répertoires, depuis Le Toréador d’Adolphe Adam jusqu’au récent Café Allais, opéra fumiste de Nicolas Ducloux. « La Péniche, c’est un laboratoire, dit-elle. On crée, on redécouvre, on donne la parole à des auteurs. Mireille Larroche sait réunir de formidables équipes ». Parmi ses souvenirs, Edwige Bourdy retient la SADMP (Société anonyme des messieurs prudents) de Louis Beydtz, l’un des « opéras louffes » où elle partageait l’affiche avec Lionel Peintre et Vincent Bouchot : « J’y ai rencontré la chorégraphe Anne-Marie Gros : c’est fabuleux pour un chanteur de pouvoir être mis en gestes ». En 2009, la chanteuse et la chorégraphe collaborent toujours, à l’occasion de la création des Shadoks et la cosmopompe de Denis Chouillet, merveille d’humour pleine d’esprit, dont le succès demeure intact, reprise après reprise.

Incomparable proximité
Le baryton Paul-Alexandre Dubois a quant à lui découvert la Péniche Opéra comme… spectateur, en 1994 avec Von heute auf morgen – ce fut un coup de maître que de révéler de nouveau sur scène l’opéra comique en un acte de Schoenberg. Aussitôt engagé pour Vlan dans l’œil ! de Hervé, il y revient désormais régulièrement. « J’aime ce côté expérimental, souligne-t-il, le soin porté au théâtre, à la parole et au chant. C’est extraordinaire, j’ai appris énormément au contact des gens de la Péniche, c’est comme une troupe, on s’y implique avec son imaginaire et son désir ». Tous apprécient ce lieu « où l’on ne peut pas tricher » (P. A. Dubois). « On est sur les visages, renchérit Edwige Bourdy. Ce sont presque des plans cinématographiques, on ressent très fort la présence du public ». S’il est conscient, en tant que compositeur, des contraintes que présente le lieu (« cinq chanteurs et trois instrumentistes, c’est déjà énorme »), il souligne lui aussi cette incomparable proximité : « Il faut vraiment aimer le contact. On est parfois contraint d’être un peu acrobate ; en tout cas, on est toujours pleinement interprète ».

Jean-Guillaume Lebrun

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