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La Péniche au goût baroque

La Péniche au goût baroque - Critique sortie Classique / Opéra

Publié le 10 mai 2008

Sous l’impulsion de Mireille Larroche, la scène exhume des joyaux méconnus de la musique ancienne.

Depuis ses débuts il y a vingt-cinq ans, la Péniche Opéra n’a pas été étrangère au renouveau de l’interprétation baroque et préclassique. Point de « théâtre à machines » à bord, bien sûr, mais l’esprit y est bien. Suivant sa vocation, la Péniche a remonté les courants du répertoire lyrique français, privilégiant les découvertes et la légèreté, faisant resurgir par exemple quelques belles pages de l’opéra-comique naissant, tels Zémire et Azor de Grétry ou Les Femmes vengées de Philidor en 2002. Surtout, la Péniche a, dès ses origines, accueilli les voix formées à la technique baroque : Béatrice Cramoix, Sophie Boulin, Edwige Bourdy, Françoise Masset, Robert Expert… Restait à trouver le moyen d’accueillir sur une petite scène les grandes héroïnes (et les héros) des tragédies lyriques. Jamais à court d’invention, l’équipe de la Péniche transcrit les œuvres, retenant dans un continuo l’essentiel de l’orchestration baroque, crée des spectacles originaux à partir de pages lyriques, cantates et airs de cours : Lully, Charpentier, Campra bien sûr, mais aussi Boesset, Lambert, Clérambault…
 
Les « mardis baroques » de Françoise Masset
 
Plus discret ces dernières années, le baroque est revenu en force cette saison, avec des Variation(s) autour de la viole emmenées par Marianne Müller et des « mardis baroques » concoctés par Françoise Masset. La soprano se rappelle les premiers concerts baroques qu’elle a vus à la Péniche : « Je me souviens d’un spectacle où la chanteuse Sophie Boulin alternait poésies baroques et airs de cour, cette littérature vocale d’avant les tragédies lyriques, illustrée notamment par Michel Lambert. Sophie excelle dans l’interprétation des « doubles », variations ornementées écrites par les compositeurs en accompagnement des airs. En plus, sa présence scénique est telle qu’elle nous tenait en haleine durant tout le spectacle. La chanteuse Béatrice Cramoix a quant à elle beaucoup travaillé sur la déclamation et la gestuelle baroques. Je me souviens de La Veuve et le grillon, une sorte de salon xviie siècle où elle campait Mme de Sévigné aux côtés de La Fontaine (Bernard Delétré), prétexte à l’interprétation d’airs de cours et cantates au tournant des xviie et xviiie siècles. » Françoise Masset est elle-même depuis longtemps à l’affiche de La Péniche : « J’ai été bien présente dans la création contemporaine avec Ubu et les Cantates de bistrot de Vincent Bouchot ou Le Fusil de chasse de Michèle Reverdy. En 2005, Mireille Larroche a vu à Lille mon spectacle « Passions baroques », conçu avec le metteur en scène Stuart Seide et Emmanuelle Haïm. À travers Atys de Lully, Médée de Charpentier et Hippolyte et Aricie de Rameau, nous soulignions une singularité du baroque français, qui est de toujours confier les mêmes emplois à une distribution similaire. C’est ce qui l’a amenée à me proposer ces « mardis baroques », une expérience que nous prolongerons l’an prochain, toujours avec L’Entretien des muses et Stéphane Fuget. »
 
Jean-Guillaume Lebrun


A propos de l'événement



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