La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Geoffroy Jourdain

Geoffroy Jourdain - Critique sortie Classique / Opéra
Photo de Geoffroy Jourdain : Julie Gallet

Publié le 10 mai 2008

Le pouvoir des contes

A la tête de son Jeune Chœur de Paris et de l’Ensemble Ad Novem, Geoffroy Jourdain dirige la nouvelle production de La Forêt bleue de Louis Aubert. Un ouvrage qui, comme son auteur, est injustement tombé dans l’oubli.

 « L’histoire du Petit chaperon rouge et du Petit Poucet est celle d’un parcours initiatique. »
 
Qui était Louis Aubert, ce compositeur aujourd’hui méconnu ?
 
Geoffroy Jourdain : Avant d’accepter cette production de La Forêt bleue, je ne le connaissais même pas. Et pourtant, c’était un personnage important de la vie musicale de l’entre-deux guerres. Il était un peu touche-à-tout. Après avoir beaucoup chanté dans son enfance, il a été pianiste (il a créé les Valses nobles et sentimentales de Ravel), critique musical, fondateur de la Société de musique indépendante et, bien sûr, compositeur. Son catalogue comprend aussi bien des cycles de mélodies que des musiques de film.
 
Basé sur les contes de Charles Perrault, La Forêt bleue est-il un ouvrage à la fibre pédagogique ?
 
G.J. : Je ne le crois pas. Ce n’est pas du premier degré, à destination des enfants. Les contes ne sont qu’un prétexte. On est alors à l’époque des débuts de la psychanalyse et le rapport au conte est assimilable au monde des interdits. L’histoire du Petit chaperon rouge et du Petit Poucet est celle d’un parcours initiatique.
 
Quel est le langage musical développé par Louis Aubert dans cet opéra ?
 
G.J. : On est à la croisée de beaucoup de chemins. Aubert fut un élève de Fauré et cela s’entend d’un point de vue harmonique. Contrairement à Debussy, il n’a pas passé le cap vers un autre monde que celui de la logique tonale. Il est intéressant de remarquer que, comme chez Wagner, il y a des leitmotiv structurants. Tous les personnages ont ainsi leur thème, que l’on entend même lorsqu’ils sont simplement évoqués. Au départ, l’effectif de l’orchestre est gigantesque. Mais ici, nous donnons l’œuvre dans une instrumentation de Thibault Perrine et Cyrille Lehn pour quintette à vents, quintette à cordes, harpe et percussion.
 
Quelle est la particularité de votre ensemble, le Jeune Choeur de Paris ?
 
G.J. : Ce chœur s’inscrit dans une formation pour jeunes chanteurs délivrée au Conservatoire National de Région de Paris. Ce cursus, d’une durée de trois à cinq ans, a été inauguré en 2002. Il est supervisé par Laurence Equilbey et est destiné aux chanteurs qui ont passé l’âge de la mue mais ne sont pas encore intégrés dans un cycle professionnel. Les élèves reçoivent des cours d’interprétation, de théâtre, de danse, et se retrouvent dans le Jeune Chœur de Paris.
 
Quelle est la place des choristes dans la mise en scène de Mireille Larroche ?
 
G.J. : Précisons tout d’abord que Louis Aubert a confié au chœur une place très importante. Pour ce qui est des solistes vocaux, il y aura plusieurs Petit Poucet, plusieurs Chaperon Rouge. En effet, la mise en scène de Mireille Larroche transpose l’intrigue le soir de Noël dans un camp de réfugiés à Sarajevo. C’est l’occasion de se raconter des contes et, pour cela, les solistes sortent du rang à tour de rôle. L’idée est de montrer que pour lutter il faut toujours rester ensemble.
 
Propos recueillis par Antoine Pecqueur


La Forêt bleue, les 7, 8, 9 et 10 mai à 20h30 au Théâtre Silvia-Monfort. Places : 28 €.

A propos de l'événement



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