La musique, un art du partage

Le festival prend cette année pour thème les migrations…

Pascal Bertin : Comme l’an dernier en abordant le sujet des femmes dans la musique, nous avons souhaité explorer une thématique à la fois sociétale et musicale. Pour un festival, dont le but est d’ouvrir au plus grand nombre notre pratique et notre passion de la musique, c’est une nécessité : une programmation qui suivrait un axe exclusivement musicologique ne s’adresserait qu’à un public déjà acquis. En partant de la célébration de compositeurs du passé (cette année le 350^e anniversaire de Caldara et Bononcini), nous voulons montrer en quoi ces répertoires nous parlent, comment ils peuvent aider à interroger le monde contemporain. Le festival a vocation à dépasser les frontières de la seule histoire de la musique, même si cette année le contexte sanitaire nous empêche d’aller aussi loin que nous l’envisagions.

« Nous voulons montrer en quoi ces répertoires nous parlent. »

La thématique permet aussi d’unifier une programmation qui désormais s’étend sur toute une saison…

P.B. : Oui, et cela prolonge la même idée. Sur un mois, vous pouvez faire un festival identifié pour un public connaisseur, mais sans avoir vraiment le temps de créer un lien avec le territoire. Pour construire quelque chose avec les écoles par exemple, il est important de pouvoir travailler sur le temps long et d’associer les artistes, les enseignants et nos bénévoles.

Comment choisissez-vous les ensembles invités ?

P.B. : Ma double casquette de chanteur et de responsable de la musique ancienne au CNSM de Paris fait que j’ai un lien direct avec de nombreux ensembles bien établis mais aussi avec de jeunes formations issues des rangs du conservatoire. J’en ai certaines en tête lorsque j’élabore la programmation et d’autres que je ne connais pas nécessairement, surtout à l’international, et dont les propositions me séduisent. En fonction du budget, se créent une alchimie, un équilibre entre musiciens confirmés et émergents, effectifs nombreux et musique de chambre… tout en faisant attention à la parité. Soit, au final, un panorama assez complet.

La dimension pluridisciplinaire du festival est-elle une envie partagée par les ensembles ?

P.B. : Les ensembles ont conscience des efforts à faire sur l’implication dans la médiation culturelle et dans le mélange des genres artistiques. Néanmoins, cela ne peut pas être systématisé, il s’agit en effet de conserver un équilibre entre des propositions plutôt spectaculaires, comme le Stabat Mater de Pergolèse que nous avons donné en octobre dans une mise en scène de David Bobée, et d’autres projets plus directement liés à la recherche musicologique.

Comment le début de votre saison a-t-il été perturbé par la crise sanitaire ?

P.B. : Malgré toutes les difficultés, on peut dire que le festival a été assez chanceux dans sa première partie. Le couvre-feu a été instauré le soir de notre dernier concert. C’était un samedi et il nous a suffi de l’avancer de 3 heures…. En revanche, l’incidence économique des demi-jauges est importante mais la Région Île-de-France et l’État ont pris le problème en considération et se sont engagés à compenser tout ou partie des pertes engendrées. Novembre et son confinement ont sonné l’arrêt de toute activité mais nous avons réussi à reporter toutes nos dates avec nos partenaires en espérant que le printemps nous apportera des jours plus heureux ! Nous sommes prêts pour reprendre le cours normal de notre saison dès ce mois de janvier.

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun