La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -288-Immersion Danse à l’Onde, édition 2020

La générosité de Dorcas de Jan Fabre

La générosité de Dorcas de Jan Fabre - Critique sortie  Vélizy-Villacoublay L’Onde - Théâtre Centre d’art
Crédit : Marcel Lennartz Matteo Sedda dans La Générosité de Dorcas.

Chor. Jan Fabre

Publié le 25 octobre 2020 - N° 288

En un culte singulier porté par le danseur Matteo Sedda, Jan Fabre célèbre le corps jusqu’à atteindre une sorte de  transe  extatique.

Sous une voûte céleste de fer et de fils colorés, laissant planer la menace d’aiguilles à tisser suspendues comme autant d’épées de Damoclès prêtes à tomber, apparaît Dorcas, incarné par Matteo Sedda, caparaçonné de plusieurs couches de vêtements noirs, génie sorti de la lampe du chorégraphe et plasticien Jan Fabre. La générosité de Dorcas fait référence à un passage des Actes des Apôtres : « il y avait à Joppé parmi les disciples une femme du nom de Tabitha, en grec Dorcas ». Parmi les premiers disciples de Jésus, elle aurait distribué aux pauvres, et notamment aux veuves et aux orphelins, des vêtements de sa propre confection, allant jusqu’à se dépouiller totalement. A sa mort, Saint Pierre l’aurait même ressuscitée. Un destin singulier que Matteo Sedda se charge de nous conter, animé d’une énergie indomptable, déchirant l’espace de sa gestuelle d’une précision à couper le souffle, aiguë comme l’épingle, vibrante comme le fil.

Homme à femme

Avec ses lèvres d’or, ganté et chaussé de blanc, le danseur se fait prestidigitateur, boxeur, servante, derviche tourneur, moine (tendance M.G. Lewis), ange, démon, créature hybride, cabarettiste, transformiste, ôtant à chaque tour une couche de ses vêtements, tandis que ses mouvements, portés par la musique de Dag Taeldeman, s’accélèrent jusqu’à une transe vertigineuse, un épuisement extatique. Chaque vêtement, avant d’être enlevé, est piqué d’une des aiguilles accrochées dans les cieux, puis, répétant le geste de Dorcas, déposé au bord du plateau, comme s’il s’agissait de reliques précieuses pour un spectateur devenu sectateur. Ce faisant, il se dépouille et passe ainsi de l’homme qu’il est à la femme qu’il veut être. On connaît le talent de Jan Fabre pour jouer des stéréotypes de genre comme pour en flouter les contours. Ce dernier solo n’est-il pas le dernier d’une lignée commencée par l’inoubliable Quando l’uomo principale è una donna, interprété par Lisbeth Gruwez ?

Agnes Izrine

A propos de l'événement

La générosité
du vendredi 20 novembre 2020 au samedi 21 novembre 2020
L’Onde - Théâtre Centre d’art
8 bis Avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay

à 19h.

Tél. 01 78 74 38 60. www.londe.fr

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