Le théâtre, un endroit émotionnel
Après avoir monté Bérénice en 2014, Christian [...]
Dans ce récit, Christian Huitorel décrit sans fards l’aventure de sa première mise en scène de Molière avec sa compagnie « Appellation Théâtre Contrôlée ».
En 2014, Christian Huitorel décide de monter George Dandin. Un choix libre mais encadré, car pour le metteur en scène d’une compagnie sans lieu, sans grands moyens financiers, il faut d’emblée écarter les productions trop coûteuses. Exit Le Roi Lear et ses vingt personnages ! Place à George Dandin, qui en comprend huit, mais surtout le touche « par ce qu’elle raconte et par ce qu’elle dénonce ». Il entrevoit vite qu’il « faudra préserver [s]es deux tonalités (la farce et la noirceur) et les faire se côtoyer comment se côtoient dans une même casserole, en gardant leur intégrité, différents légumes pour une potée réussie ». C’est précisément la tambouille de son entreprise théâtrale que Christian Huitorel raconte dans La Dandinnerie. Pour ce faire, il ne cache rien de sa maturation artistique, qui va de pair, bien sûr, avec les tâtonnements et les doutes.
Le quotidien d’une compagnie
Chapitre par chapitre, on assiste à la chronologie de ses choix concernant la dramaturgie, la distribution, la musique, la scénographie, les lumières… On est également témoin du montage de la production. Christian Huitorel raconte son tour des directeurs de théâtre, maquette de décor à l’appui : « En les quittant, je suggère que nous nous revoyions et je leur laisse un dossier complet imprimé sur papier. Cela ressemble un peu à un démarchage commercial. » Un démarchage qui continue même après que les représentations ont commencé. Tel potentiel acheteur viendra-t-il voir le spectacle ? Pourquoi telle directrice est-elle partie à la fin de la séance sans le saluer ? Dans ses moindres détails, sans chercher à enjoliver les faits ni à masquer les réponses abruptes qui lui sont parfois assénées, Christian Huitorel écrit dans une langue simple et directe le quotidien d’une compagnie. Un quotidien souvent difficile mais que transfigurent une représentation en état de grâce ou des lettres d’élèves. Et au fond, n’est-ce pas vers cette communion que tend ce long travail de laboratoire, familier des professionnels, mais souvent peu connu du public ?
Isabelle Stibbe
mise en scène Christian Huitorel.
Création les mardi 6 et jeudi 8 novembre 2018 à 20h
Tél. : 02 53 93 50 00.
Puis le 11 décembre au Centre d’art et de culture de Meudon et le 18 décembre au Théâtre Luxembourg de Meaux.
Christian Huitorel, La Dandinnerie, 2017, Les éditions abordables, avec une préface de Francis Huster