Une performance de Khalid K visuelle, vocale, musicale et percussive, où l’humain et la machine travaillent de concert.
Dans son précédent spectacle, « le Tour du Monde en 80 voix », Khalid K nous avait rendu son univers familier, un univers de boucles audio, de matière musicale et sonore enregistrée et samplée en direct. Passé maître de ce procédé riche en possibilités, il rajoute pour ce « Khalid o sKope » la composante vidéo, basée sur un même principe de sampling en live. « Après plusieurs résidences et représentations, nous avons apprivoisé les machines autant que les images, et jouer en public nous a permis d’appréhender le mouvement. Le Théâtre d’Ivry est la phase ultime qui nous permet de finaliser, rassembler, écrire et mettre en forme. » Mettre un tel spectacle en place relève du puzzle entre arts et techniques. « L’appareillage audiovisuel est juste là pour rendre lisible. Nous simplifions au maximum l’hermétisme technique en en montrant les ficelles sur scène. Nous avons travaillé sur les moyens de saisir et traiter l’image et le son à la volée, à l’aide d’installations multiples faites de capteurs, surfaces de projection, et samplers, en intégrant la régie technique au plateau, et en créant des effets très nets. »
L’esclavage face à l’image
Khalid insiste : les technologies employées, si pointues soient-elles, sont avant tout au service d’un spectacle narratif. « Le spectacle est au premier abord un concert, avec un interprète et un opérateur, Charles Sadoul. En jouant sur la dualité de nos rôles et la présence de Charles sur scène, le public intègre rapidement les techniques audiovisuelles comme éléments de la narration. Le personnage central est dans un espace sous surveillance, et en prend peu à peu conscience jusqu’à réussir à en jouer. L’idée est de mettre en scène l’esclavage face à l’image. Sur scène, le corps humain et les technologies jouent en accord l’un avec les autres.» Morale du propos : aussi géniale et fascinante que soit la technologie contemporaine, la machine humaine reste pour Khalid K la plus complexe et la plus façonnable. « Au-delà du support technique, je suis là pour raconter, mimer, chanter… Entre des passages a capella, peut-être acoustiques, et l’utilisation de mon corps et de ma voix comme instruments, à nous de faire en sorte que la rencontre corps machine se fasse dans la fluidité, que tout cela reste finalement très humain. »
Ainsi le spectateur a tendance à oublier la dimension technicienne pour s’abandonner à ce petit monde ludique et romanesque, peuplé d’imagination sensible, d’humour, et d’une vision du monde aiguisée.
Khalid o sKope, de et par Khalid K et Charles Sadoul, avec la collaboration de Néry. Tout public, de 6 à 106 ans. Du 30 novembre au 19 décembre, les mercredis à 14h30, samedis à 18h et dimanches à 11h (+ représentations scolaires).