La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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JEAN-RÉMY GUÉDON ET THIERRY VIROLLE

JEAN-RÉMY GUÉDON ET THIERRY VIROLLE - Critique sortie Jazz / Musiques
(crédits : Sylvain THOMAS pour Guédon et Hélène COLLON pour Virolle).

Publié le 10 octobre 2007

Se réunir pour exister

Le saxophoniste et compositeur Jean-Rémy Guédon, vice-président de l’association, et Thierry Virolle, administrateur du MegaOctet, son secrétaire, expliquent, lors d’un entretien passionné, la vocation de Grands Formats : un regroupement pour sauver la pratique du grand ensemble de jazz.

Quelle est la genèse de « Grands Formats » ?
 
Jean-Rémy Guédon : L’idée a germé au cœur de la problématique sur l’intermittence, en février 2003, lors d’un débat sur la condition des musiciens de jazz. Face au sentiment d’entendre toujours le même discours, j’ai écrit ce mail à PatriceCaratini (aujourd’hui Président de Grands Formats), présent à la réunion : « Pourquoi ne pas se
regrouper? ». C’était parti ! Le problème endémique des grandes formations réside dans leur coût élevé, entrave à la diffusion. D’où la difficulté financière de faire (sur)vivre un orchestre. Grands Formats constitue un réseau de solidarité. Le poids de l’association, « porte-voix » de ces orchestres, leur donne une visibilité et créée une dynamique avec les acteurs du milieu culturel – directeurs de salles, publics, politiques. Doué d’une « parole libre », Grands Formats – une maison de 400 musiciens – parvient à parler au sommet de l’État, et à court-circuiter une société pyramidale, dans laquelle l’information se disperse.
 
« Créer une dynamique avec les acteurs du milieu culturel »
 
Avez-vous ce sentiment que dans le peu d’argent public alloué à la musique, seule une petite part revient au jazz et une plus infime encore aux grandes formations indépendantes ?
 
Thierry Virolle : Le problème ne vient pas seulement du manque d’argent public, mais de l’ensemble du tissu culturel. Pour preuve : en 2004, les 260 festivals d’été n’ont accueilli que seize concerts « grands formats » ! La musique bénéficie, au Ministère de la Culture, d’un écho trop mince. Peut-être parce que dans notre art, la notion de troupe n’existe pas, d’où une difficulté à s’organiser, comme le théâtre l’a fait il y a cinquante ans sous l’impulsion de Jean Vilar. Quoi qu’il en soit, la question que pose « Grands Formats » dépasse les clivages entre disciplines pour toucher une réflexion plus large sur la musique, notre identité, et nos conditions d’existence.
 
Existe-t-il des critères artistiques pour intégrer « Grands Formats » ?
 
JRG : Bien sûr ! L’exigence artistique et le savoir-faire sont les premiers critères, sans oublier les qualités humaines. Mais musicalement, « Grands Formats » réalise le grand écart… Un spectre large pour une fédération a-esthétique !
 
Une « opération séduction » n’est-elle pas à lancer en direction du public et des programmateurs ?
 
JRG : Les diffuseurs sont assiégés et nous passons beaucoup de temps à tenter de les joindre. Nous mettons en place un site internet dans le but de créer un outil majeur de communication avec les professionnels et le public.
T.V. : La France ne doit pas laisser mourir une pratique, un répertoire et une histoire. Les grands ensembles, musicophages, constituent un laboratoire de création riche, diversifié et vivant ! Aujourd’hui au contact direct de notre musique, les jeunes s’enthousiasment ! Mais sauf accident, notre art ne jouit pas d’une rentabilité immédiate. Il faut donc parier sur le long terme.
 
Propos recueillis par Jean-Luc Caradec et Anne-Laure Lemancel


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