La Terrasse

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JEAN-LOUIS BENOIT

JEAN-LOUIS BENOIT - Critique sortie Théâtre
« J’essaie de rendre compte du paysage théâtral français de la façon la plus large possible. » Jean-Louis Benoit

Publié le 10 septembre 2007

TRAVAILLER À ÉLARGIR LES REPÈRES DU PUBLIC

JEAN-LOUIS BENOIT CONFIRME LA LIGNE ARTISTIQUE QUI EST LA SIENNE DEPUIS 2002 : UN MÉLANGE VOLONTARISTE DE TEXTES DU RÉPERTOIRE ET DE TEXTES CONTEMPORAINS, D’ARTISTES CÉLÈBRES ET CONFIDENTIELS. UN ÉCLECTISME AUQUEL IL PREND PART EN METTANT EN SCÈNE LA MÈRE DE BERTOLT BRECHT ET LE TEMPS EST UN SONGE DE HENRI-RENÉ LENORMAND.

Quelles sont les principales caractéristiques de la nouvelle saison que vous avez élaborée ?
Jean-Louis Benoit :
Il s’agit d’une saison un peu exceptionnelle puisqu’elle s’achèvera, pour cause de travaux de rénovation, à la fin du mois de mars 2008. Mis à part cela, la saison 2007/2008 correspond à la ligne artistique que j’ai mise en place, depuis mon arrivée à la direction du Théâtre National de Marseille : non seulement présenter les oeuvres et les artistes de qualité attendus par le public, mais également proposer des textes et des metteurs en scène moins connus, afin d’essayer de développer l’esprit de découverte des spectateurs.

Cet esprit de découverte manque-t-il au public ?
J.-L. B. :
Je crois que le public fonctionne à partir de repères. Il se dirige donc plus facilement vers ce qu’il connaît que vers ce qui lui est étranger. J’essaie de lutter contre cela, d’effectuer un travail de fond visant à élargir les envies et les repères, de rendre compte du paysage théâtral français de la façon la plus large possible, en invitant des jeunes metteurs en scènes comme des metteurs en scène confirmés, en assumant ma mission de soutien et de coproduction aux créateurs. Et puis, je tente, d’année en année,
de rendre plus visibles certains grands auteurs nordiques ou germaniques, ainsi que de révéler des oeuvres méconnues, voire totalement inconnues.

« J’essaie de rendre compte du paysage théâtral français de la façon la plus large possible. » Jean-Louis Benoit

C’est le cas du Temps est un songe
J.-L. B. : Oui. Ce texte d’Henri-René Lenormand, écrit en 1919, a été complètement oublié après la seconde Guerre mondiale. Mais si on y réfléchit bien, La Mère est aussi une pièce très peu jouée, sans doute l’une des moins connues de Brecht, probablement pour des raisons politiques. Il s’agit d’une oeuvre didactique, qui semble aujourd’hui très dissonante. Mon spectacle est le fruit d’un atelier que j’ai dirigé, en 2005, avec les élèves de la Haute école de théâtre de Suisse romande, à Lausanne. A travers le choeur que forment ces jeunes comédiens, à présent devenus professionnels, la pièce de Brecht prend une tonalité très neuve, très belle, une forme d’innocence qui la rend particulièrement touchante. Ces deux auteurs ont des visions du monde diamétralement
opposées. Alors que pour Brecht l’homme est fondamentalement maître de son destin, Lenormand envisage chaque individu comme un être ballotté par des forces obscures, un être impuissant, aux prises avec les douleurs inexplicables de l’existence.

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat


Le Temps est un songe, de Henri-René Lenormand ; mise en scène de Jean-Louis Benoit. Du 27 février au 30 mars 2008. La Mère, de Bertolt Brecht ; mise en scène de Jean-Louis Benoit. Du 13 au 30 mars 2008.

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