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JACQUES OSINSKI

JACQUES OSINSKI - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 octobre 2011

REVISITER IVANOV

JACQUES OSINSKI MET EN SCENE LA PREMIERE VERSION D’IVANOV QUI ILLUSTRE LA COMPLEXITE DES ETRES HUMAINS : UNE PIECE INSOLENTE ET GRAVE, A LA FOIS TRAGIQUE ET SATIRIQUE.

« Quand j’ai lu la première version, j’ai été très frappé par sa richesse et sa modernité. » Jacques Osinski
 
Pourquoi choisir de monter la première version d’Ivanov ?
Jacques Osinski : On joue toujours la deuxième version, celle où Ivanov se suicide à la fin. Or, la première version m’intéresse davantage car elle est plus opaque, plus déconstruite. A la fin, on ne sait pas de quoi meurt Ivanov : mort symbolique, mort de fatigue, crise cardiaque ? Le quatrième acte est très différent selon les deux versions. Tchekhov l’a réécrit car le public avait besoin de comprendre le geste d’Ivanov. Quand j’ai lu la première version, j’ai été très frappé par sa richesse et sa modernité. C’est une version qui est moins axée sur le rapport entre Ivanov et Sacha, une version moins romantique, moins héroïque ; mais certains thèmes y sont davantage mis en valeur, celui de l’antisémitisme par exemple. Tchekhov y insiste davantage sur la bêtise et la méchanceté de cette société provinciale qu’incarnent les Lebedev.
 
Qui est l’Ivanov de cette première version ?
J. O. : Tchekhov n’explique pas sa psychologie, ce qui l’opacifie encore plus, même si on retrouve quand même toutes les thématiques de l’antihéros, du vide, de l’ennui, de la dépression. Même si tout tourne autour d’Ivanov, il est comme absent ou déjà mort : il lit, il attend, il n’est pas là. Il est à la fois au centre et complètement décentré. C’est un personnage plus ambivalent que sympathique, à la fois touchant et agaçant, et j’essaie de garder son caractère ambigu, comme j’essaie de défendre chaque personnage en adoptant son point de vue. Même si le décor demeure concret, il figure l’espace mental sinueux et anguleux d’Ivanov que l’on suit dans sa psyché. J’ai voulu que cette grande pièce sur la mort se joue comme dans une boîte s’ouvrant vers des trouées de néant.

Propos recueillis par Catherine Robert


Ivanov, d’Anton Tchekhov ; mise en scène
de Jacques Osinski. Du 9 au 13 novembre 2011.

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