L’affadissement du merveilleux par Catherine Gaudet
Catherine Gaudet dépeint un tableau [...]
Directrice de l’Atelier de Paris / CDCN, Anne Sauvage se fait l’écho avec cette nouvelle édition de JUNE EVENTS d’une actualité chorégraphique qui innove et sonde notre présent.
Vous ouvrez cette édition avec un spectacle présenté en extérieur et proposez trois pièces dans leurs versions intérieure et extérieure. Pourquoi ce choix ?
Anne Sauvage : JUNE EVENTS s’envisage comme un festival « témoin » de l’actualité chorégraphique. Dans cette édition, j’ai souhaité mettre à l’honneur le dialogue entre expériences scéniques et expériences situées. En programmant en diptyque trois créations (Daniel Linehan, Marion Carriau et Magda Kachouche ou encore Vania Vaneau), je ne veux pas simplement proposer une autre forme de partage avec le public offerte par des projets en extérieur. À l’Atelier de Paris, nous désirons soutenir des artistes qui dans leur démarche ambitionnent de retrouver ou d’éprouver une autre expérience de la création : en considérant l’environnement, en convoquant d’autres savoirs, en puisant dans d’autres disciplines, et ainsi participer à la reconnaissance de leur pratique qui s’inscrit par ailleurs dans l’histoire de la danse.
Le rapport à la nature est-il un des fils rouges de cette édition ?
A.S. : Beaucoup de chorégraphes sont sensibles aux questions écologiques. Manuel Roque questionne l’épuisement des ressources, Christos Papadopoulos s’inspire des propriétés de la glace, Louise Vanneste des rapports vibratoires du végétal. Elles et ils ont en commun d’être à l’écoute de notre environnement, d’interroger notre usage du monde. Leur intérêt va bien au-delà d’un attrait post-covid pour le plein air. Elles et ils se nourrissent des ouvrages de Baptiste Morizot, Gilles Clément, Emanuele Coccia, Vinciane Despret ou Naomi Klein. En questionnant notre rapport au vivant, et pas seulement notre rapport à la nature, elles et ils sondent aussi profondément notre humanité.
Ce questionnement sur notre humanité est-il un autre fil rouge du festival ?
A.S. : Tout à fait ! Catherine Gaudet nous propose une traversée intense de nos sensations, Ann Van den Broek nous invite à célébrer la joie et le plaisir, Smaïl Kanouté nous entraîne dans un voyage multiculturel qui questionne nos identités en devenir. Ces spectacles avec nombre d’interprètes au plateau évoquent aussi les relations entre l’individu et le collectif. En attirant notre attention sur ce que l’on peut fabriquer ensemble comme Jeanne Brouaye ou en composant avec les tensions qui nous habitent à l’instar de Pierre Pontvianne, ces spectacles font écho aux quêtes de sens que nous poursuivons.
Propos recueillis par Delphine Baffour
à l’Atelier de Paris, à la vie brève – Théâtre de l’Aquarium et Le Carreau du Temple. www.atelierdeparis.org.
Atelier de Paris - Centre de développement chorégraphique national – Cartoucherie
2 route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris.
Tél : 01 417 417 07.
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